INTERVIEW ERIC PÉAN
"On avait un grand sentiment d'injustice."
Ce joueur n'aura porté que deux saisons le maillot azur et or, mais aura marqué les supporters Toulonnais par ses interceptions toujours impeccables, par son assurance, par ces placements, bref par son talent. On se souvient encore, de son association trop courte, avec Kombouaré en charnière centrale. Bref, ce défenseur-là était le digne successeur de Courbis au coeur de la muraille Toulonnaise. Aujourd'hui, c'est avec Éric Péan que l'on vous propose de passer un moment.
ERIC, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?
C'est Rolland Courbis, qui m'a contacté, qui m'a parlé du projet et qui a fait pencher la balance. J'étais en vacances dans le sud de la France et Rolland essayait de me joindre. Finalement, il en a parlé à Félix Lacuesta, et on s'est rencontrés à St Jean Cap Ferrat. J'ai bien aimé la façon dont çà s'est passé; il m'a parlé du club, de Toulon (moi qui ne suis pas du sud), çà m'a plu, çà c'est fait à l'instinct, on a joué au même poste, y'avait rien de prévu.
QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?
Luc Borrelli, c'était un super mec et un super gardien. Après, c'est difficile de ressortir un plus que les autres. On était un groupe avec chacun son caractère, avec ses qualités et ses défauts. On ne lâchait rien, même quand on plus était payé pendant trois mois. Dès qu'un gars galérait physiquement les autres le soutenaient, dès qu'un autre craquait dans la tête, à cause des affaires, tous les autres étaient là. Ce qu'il faut retenir, c'est vraiment l'état d'esprit de ce groupe-là, de cette équipe-là. On n'a jamais rien lâché. Les adversaires nous craignaient, même quand plus personne ne croyait en nous.
UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE A TOULON ?
Lors de la préparation au Touquet, dès le début, on avait bossé comme des fous et Rolland nous dit: "ce soir quartier libre". On s'était un peu lâché, et forcément rentré tard. Le lendemain, qui devait être de repos, Rolland nous a réveillés, sûrement à cause du bruit que l'on avait fait en rentrant, et nous a tous mis à l'entrainement... On a super bien bossé... C'était la naissance d'un groupe, d'une équipe.
Et puis, il y a aussi les descentes de la PJ au club avec les arrestations, et tout ce qui va avec. On avait un grand sentiment d'injustice. Alors, quand Rolland est sorti de prison et que l'on a tous été le chercher, tous les joueurs, oui.. c'était fort !
UN MATCH EN PARTICULIER ?
Le match à Mayol contre Nantes après les "événements". Rolland avait été emprisonné. Quand l'arbitre se met à courir à la sortie du tunnel vers le rond central suivi des Nantais avant le coup d'envoi et que l'on reste tous immobiles. Les gars de Nantes se retournaient pour voir ce que l'on faisait.. On est rentré seuls, avec une rage de vaincre incroyable, rare. On avait l'impression que rien, ce soir-là, pouvait nous arriver. Même l'arbitre nous a traités de "fous". Ce soir-là, on a gagné.
EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE?
Malgré tout ce qui s'est passé, j'ai vécu quelque chose d'exceptionnel là-bas. Et mon plus grand regret, c'est de ne pas savoir ce qu'aurait fait cette équipe-là sans toutes ces affaires. On avait de bons joueurs. Je me demande quels résultats çà aurait donné... On ne le saura jamais !!!
QUE DEVIENS-TU ?
Je sui devenu hôtelier à Bayeux, chez moi, en Normandie. Mon établissement s'appelle le Churchill.... et çà se passe bien.
ERIC ET LE SPORTING :
Défenseur.
1990/1991: 36 matchs.
1991/1992: 27 matchs.