INTERVIEW FRANCK PASSI


"On allait s'entraîner à la plage, car tout Bon Rencontre était fermé."

 

Le joueur qui nous a accordé un moment aujourd'hui aura connu la fin du sporting en première division, mais aura marqué de son empreinte le maillot azur et or. Joueur discret mais terriblement efficace, sa grinta, sa lecture du jeu, son tempérament, la somme d'efforts qu'il pouvait déployer et son abnégation plaisaient au peuple de Mayol qui l'aura toujours considéré comme une pièce maîtresse du jeu toulonnais. Il sera resté trois saisons en azur et or, mais n'aura laissé que des bons souvenirs et des regrets. Aujourd'hui, c'est avec Franck Passi que nous vous proposons de passer un moment.


FRANCK, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

J'étais à Toulouse dans une équipe où je ne jouais pas à mon poste et Rolland Courbis m'a appelé et m'a convaincu de venir au sporting et d'évoluer à mon poste.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Écoute, à cette époque-là, il y avait un joueur qui s'appelait Perter Bosz, qui en matière de régularité, de professionnalisme était un joueur de très haut niveau. Y'avait aussi des Kombouaré. Je ne peux pas te dire qu'il n'y en avait qu'un. Y'avait des petits jeunes comme Fred Meyrieu, Marquet ou Revelles qui avaient beaucoup de qualités. C'était un ensemble. Moi, si tu veux la seule chose qui m'a vraiment impressionnée au sporting, et pourtant, j'ai joué dans des grands clubs comme à Marseille ou Monaco et avec des grands joueurs, c'est l'aventure humaine durant 3 ans.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Une fois, on est arrivé à Bon Rencontre pour partir jouer, c'était l'époque où il n'y avait plus grand-chose dans le club et on est parti à Metz sans entraîneur. Les entraîneurs nous ont rejoint le lendemain. Ça, c'était unique. Parce que, au moment où cela se passe, j'étais capitaine. Je vais voir Isabelle la secrétaire et je lui demande comment on fait, sans entraîneurs, sans dirigeants. Elle me répond : " voilà, les billets sont là, si vous avez envie de jouer, vous y aller, sinon vous rentrez chez vous.". J'ai pris les billets, et je suis allé voir tous les joueurs et je leur ai demandé ce que l'on faisait. On était tellement passionné par ce que l'on faisait, que l'on est allé jouer à Metz.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Oui, le match où on allait s'entraîner à la plage, car tout Bon Rencontre était fermé. À ce moment-là, il y avait un match contre Nantes. Et sur ce match-là, au niveau émotionnel, c'était très très impressionnant. On était capable de déplacer des montagnes. Durant deux ans, on a été la seule équipe à ne pas perdre contre Marseille, le grand Marseille. Parce que l'on dégageait un état d'esprit énorme.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE?

Ce que l'on est arrivé à faire avec tous les aléas qu'il y avait autour, c'est énorme. On avait la passion pour ce que l'on faisait. On n'était pas payé pendant des mois et on continuait à jouer avec la foi de gagner. J'ai un regret, c'est d'être tombé dans cette aventure-là. Elle a été exceptionnelle, on en garde une marque à vie, positive. Mais après, sur le plan de la carrière, on a perdu 3 ans de nos belles années. Moi, j'avais entre 24 et 27 ans quand même. Il a manqué de la stabilité. Rolland Courbis savait recruter des joueurs et former de belles équipes, il l'avait montré auparavant. Même, à l'époque où je signe, il y a plein de très bons joueurs, avec de belles carrières. Il y avait une base de talent, un potentiel énorme. Il y aurait juste fallu un peu de chance et de stabilité pour développer ce que l'on avait à développer. À un moment donné, çà a pris une autre tournure. En fait, le seul regret c'est de m'être blessé et d'avoir terminé au chômage. Comme il n'y avait plus grand monde dans le club, en tant que capitaine, je faisais beaucoup de choses au lieu de me reposer. Et puis, il y avait ce public de foot à Toulon. Faut se souvenir qu'à cette époque, il n'y avait pas grand monde dans tous les stades, mais il y en avait encore pour venir voir le sporting malgré tout.


UN MOT POUR LES SUPPORTERS TOULONNAIS ?

Qu'ils s'unissent pour aider à retrouver le haut niveau. Parce qu'une ville comme Toulon en matière de population, il y a la place pour une équipe de rugby et une équipe de foot. Y'a quand même 2 clubs à Toulon qui joue à peu près au même niveau, c'est paradoxal. Faut s'unir pour récupérer et retrouver les valeurs toulonnaises à travers un seul club et essayer de monter le plus possible pour avoir une équipe en 2e, voir éventuellement une première division, parce que c'est un public qui le mérite !


FRANCK ET LE SPORTING :

Milieu.

1990/1991: 39 matchs. 1 but.

1991/1992: 29 matchs. 1 but.

1992/1993: 16 matchs. 1 but.