INTERVIEW MIGUEL PINEDA


"Là où beaucoup d'équipes auraient explosé, nous, çà nous a soudé."


Arrivé d'Espagne par la volonté de Rolland Courbis, il sera l'un des rares joueurs, avec Luigi Alfano, à avoir une chanson à lui dans les tribunes. Avant centre type, il saura marquer dans n'importe quelles circonstances de jeu et dans n'importe quelles positions. Combattant infatigable, dernier attaquant, mais premier défenseur, il aura cette grinta, cette détermination, cette rage qu'aime le peuple d'alors, celui de Mayol. Trois ans en jaune et bleu et pratiquement cent matchs en première division, tel est son cv Toulonnais. Aujourd'hui, c'est avec un immense plaisir que le musée vous propose de passer un moment avec Miguel... Pineda !!!


MIGUEL, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

J'étais en fin de contrat avec l'Espanyol de Barcelone et l'idée de revenir en France me plaisait. Rolland Courbis est venu me voir 2/3 fois et son discours, tout autant que l'équipe, m'ont plu. Je n'ai pas hésité.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

C'est difficile à dire. La première année, on avait une super équipe. Je veux dire, ligne par ligne, on avait une grosse équipe. Borrelli et Songo'o dans les buts. Kombouaré, Péan, Alfano, Bérenguier, Rabat, Thys derrière. Bosz, Meyrieu, Passi au milieu. Patrick Revelles qui débutait, François Zahoui aussi, sans oublier Philippe Anziani. Le soldat Carvalho, qui ne se plaignait de rien, mais qui faisait ses matchs. Bernard Rodriguez, également. Eric Roy dont je me souviens. Même les remplaçants étaient très forts. Peter (Bosz), par exemple, était capable de quitter l'entraînement fâché parce qu'il avait perdu et revenir 5 minutes plus tard calmé (rire).

Aussi avec le recul, et sans tous ces problèmes financiers, on avait une équipe pour jouer les 4/5 premières places, le haut du classement, derrière l'om, Monaco et le Psg. Même Délio Onnis comme adjoint de Rolland Courbis était énorme.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE A TOULON ?

Il y avait vraiment un très bon groupe avec une mentalité unique. J'habitais seul à Bandol et on avait l'habitude de se retrouver chez moi, à la maison, nous les "célibataires" de l'équipe. Il y avait beaucoup de rigolade et finalement, même les joueurs mariés ont fini par venir aussi. C'était une ambiance unique au sporting et les problèmes financiers ont accentué cela. Là, où beaucoup d'équipes auraient explosé, nous, çà nous a soudé. C'était tous des mecs super. La situation était vraiment particulière, mais on savait où l'on voulait aller, on allait tous dans la même direction. Je me souviens, avant un match à Metz, il me semble, les joueurs adverses nous avaient dit : " Respect à vous, vous savez surmonter la situation, si cela nous était arrivé à nous, on n'aurait plus d'équipe. Pratiquement tout le monde serait parti". Ce soir-là, sans être payé depuis des mois, on avait fait un nul. De temps en temps, on était payé, en partie, puis plus rien pendant des semaines. C'est dans ces moments-là que l'on voit la valeur des gens. On était solidaire entre nous. Et je n'en veux absolument pas à ceux qui sont parti, car ils y ont été contraint. On reste proche de ces gens-là, et quand l'un d'eux trouve un club, Antoine (Kombouaré), Peter (Bosz), Franck (Passi), tu es content pour eux. C'était des années difficiles, bizarres. Mais on savait que si on voulait s'en sortir individuellement, il fallait s'en sortir collectivement ! On a appris à se connaître et à donner le meilleur de nous-mêmes.

On était tous des pros du foot, et on avait du mal à faire notre métier. Et pourtant, le matin, j'étais content de venir m'entraîner avec ces joueurs-là. Luc Borrelli faisait même 15 kilomètres pour venir me chercher, car je n'avais pas le permis. C'était çà Toulon... En fait, tu gardes un vrai “amour” pour ces joueurs et quand on se parle, on a l'impression que cela fait 3 heures que l'on s'est quitté.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Le 3/3 contre l'om au stade vélodrome. On prend même un but hors-jeu, mais çà, c'était normal à l'époque. On avait fait tous un grand match. L'om était impressionnant. Je me souviens particulièrement du match de Philippe Carvalho contre Chris Waddle. Et Boli qui me marche dessus, alors que l'on était pote à Auxerre... C'était un derby ! Je me souviens de l'ambiance dans le vestiaire après la rencontre... On se sentait lésé. Frustré ! On avait fait un grand match et finalement çà, c'était important.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE?

Quel dommage ! Quand j'arrive à Toulon, je venais de perdre la finale de la coupe de l'Uefa avec l'Espanyol et je découvre un super groupe, une vraie mentalité, des joueurs avec de grosses qualités et tu te dis, je vais revivre ici quelque chose de grand. Et quand la police arrive, tout s'écroule et tu te dis: "merde, quel gâchis."

En plus, quand tu es gamin et que tu vois le sporting des Dalger, Onnis, Courbis, Emon etc...Tu te dis, ici il y a tous les ingrédients pour sortir une superbe recette. Je le répète, quel gâchis. C'est dommage pour le foot, le club et la ville de Toulon. Tu te dis, que même si les gens aiment le rugby ici, ils adorent le foot et le sporting aussi.


QUE DEVIENS-TU ?

J'habite à Barcelone. Je travaille pour une société basée ici et qui gère des données sportives (statistiques, etc.). J'aimerais revenir plus souvent à Toulon. J'y venais plus avant, quand il y avait le tournoi espoir. Mais pour tout vous dire, je suis encore le sporting...


MIGUEL ET LE SPORTING :

Attaquant.

1990/1991: 38 matchs. 11 buts.

1991/1992: 37 matchs.   5 buts.

1992/1993: 28 matchs.   3 buts.