INTERVIEW ANTOINE KOMBOUARÉ


"On rentrait sur le terrain pour tout défoncer."


Il ne sera resté que quatre petits mois sur la rade, il n'aura enfilé qu'à dix-sept reprises le maillot frappé de la rascasse et pourtant, il aura marqué à jamais l'histoire de notre club. À la plus grande surprise des supporters azur et or et tel un ovni, il débarqua au pied du Faron pour intégrer une défense que beaucoup de monde nous aura envié durant ce temps. Formant, avec son compère Eric Péan une des meilleures charnières centrale du championnat de France. On a eu le privilège de l'avoir eu chez nous, au sporting. Aujourd'hui, c'est avec Monsieur Antoine Kombouaré que le musée vous propose de passer un moment.


ANTOINE, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Rolland Courbis m'a sollicité, à l'époque, pendant un bon moment, plus d'un an, pour venir jouer à Toulon. Il m'a "travaillé au corps" pour que je vienne. Il était en train de bâtir une belle équipe, et on a eu une belle équipe. Et puis un passage au sporting pouvait me faire rebondir dans un grand club. Soit l'om, car beaucoup d'anciens Toulonnais partaient vers là-bas et inversement, soit le PSG ou Monaco.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Moi, je parle d'un groupe. Un groupe exceptionnel, d'une vraie qualité footballistique et d'une vraie qualité humaine. Vraiment, humainement au top ! Des gens qui ne se prenaient pas au sérieux, mais qui enfilaient le bleu de chauffe, qui partaient au combat ! C'était un peu la mentalité à Rolland, il était comme çà. D'ailleurs, quand on se voit les anciens, on en parle encore. On était craint. Et l'avantage, c'était de jouer à Mayol, un vrai stade configuré foot, même si c'était le stade du rugby. Les mecs appréhendaient de venir ici. C'était une espèce de corrida, ils avaient les "chocottes", c'était chaud... Non vraiment, je retiens un groupe. Un groupe où il y avait les Thys, Rabat, Rodriguez, Péan, Passi, Anziani, Pineda, Marquet, Bosz, Zahoui, etc... Impossible de ressortir un nom.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE A TOULON ?

J'avais un match avec l'équipe de France A' le mercredi à Paris, et là, on m'apprend que les flics sont descendus au club et quand je suis revenu les copains m'ont raconté... Et puis il y a eu l'après, sans Rolland Courbis, le personnage central, incontournable, capital du sporting. On était dans l'incertitude la plus totale, on se demandait même si on allait continuer. Vraiment, on pouvait voir la peur sur les visages. On avait un sentiment d'abandon, on était tous abasourdis. Cela fait presque 30 ans et c'est l'image qu'il me reste. Et encore, ma situation était différente des autres. J'avais un contrat de cinq ans, car Rolland avait un projet à long terme, et le club m'a vendu au psg dix millions de francs pour permettre de finir la saison.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Je n'ai pas de match en particulier. Une équipe plutôt... la nôtre. Vraiment solide, qui faisait peur à tout le monde. On avait une façon un peu particulière de se préparer. J'étais jeune, 26 ans, et çà m'a marqué. On éteignait la lumière, et dans le noir, c'était les anciens qui parlaient. Moi, je venais de Nantes, c'était plus tranquille (rire). Ils avaient un discours de guerriers. On rentrait sur le terrain pour tout défoncer.


EN QUELQUES MOTS, SU TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE?

Une très riche expérience et aventure humaine extraordinaire. Grâce à ce passage à Toulon, j'ai gardé des amis pour la vie. Les Rabat, Thys, Passi, Anziani entre autres, même si je les vois moins. Et même çà me ferait plaisir de recroiser les Alfano, Bérenguier etc... Ce que l'on a vécu tous ensemble, çà nous a soudé, j'ai vraiment été marqué par ce club. Et si j'ai joué au psg, c'est parce que je suis passé par Toulon. Je téléphonais de Paris à mes potes et j'entendais leurs souffrances, on a essayé de les aider comme on pouvait. C'est une drôle d'école de la vie.


QUE DEVIENS-TU ?

Je suis toujours entraîneur, en stand-by en ce moment. Quelquefois, on a des coupures que l'on ne choisit pas, que l'on subit. C'est mon cas en ce moment, mais on le sait, ce sont les règles du jeu. Les aléas du métier. Ça me permet de souffler un peu, de profiter de ma famille et de me ressourcer. Mais tout va très bien. Enfin une dernière chose, je voudrais donner un grand bonjour aux supporters du sporting et leur souhaiter plein de courage. Je suis toujours les clubs où j'ai joué. J'ai vu qu'il y avait l'ancien patron du rugby qui voulait reprendre le club (interview réalisée le 24/01/2020), c'est bien. C'est quelqu'un qui sait gagner. Et puis Toulon restera Toulon, c'est à Ollioules que mon fils a fait sa première rentrée des classes, alors. Et même, quand on passe par-là on s'arrête là-bas... en pèlerinage (rire). Mon fils qui est aussi dans le foot, à Amiens, il est responsable administratif. À bientôt, et n'oublie pas de transmettre mes amitiés au Toulonnais.


ANTOINE ET LE SPORTING :

Défenseur.

1990/1991: 17 matchs.