INTERVIEW PHILIPPE ANZIANI


"Cette ville et ce maillot, je les aurai toujours dans mon coeur."


Encore un joueur exceptionnel que le sporting aura su attirer dans ses filets tant son talent et sa classe auront ensoleillé les samedis soir de Mayol. Il sera resté quatre saisons sur la rade. Courtisé par Rolland Courbis, il aura été une des pierres angulaires de l'équipe pensée et mise en place par le boss. Une vista et une qualité technique largement au-dessus de la moyenne, doublées d'un sens du sacrifice personnel au profil de l'équipe. Il avait également cette  hargne et cette abnégation Toulonnaise... Bref,  il avait tout pour porter et faire briller ces fameuses couleurs azur et or. Le joueur et l'homme furent appréciés par les supporters de la rascasse qui l'ont toujours soutenu. Aujourd'hui, c'est avec Philippe Anziani que je vous propose de passer un moment.


PHILIPPE, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

En fait, on avait joué avec le Matra contre le sporting et après le match, on est allé avec Bernard Casoni à une soirée où il y avait Rolland Courbis. On a discuté ensemble: Rolland, Bernard, qui a signé aussi au sporting la saison d'après, et moi. Je ne me sentais pas très bien à Paris, au niveau de l'ambiance, tout çà. Et de fil en aiguille Rolland m'a dit qu'il était intéressé pour que je vienne jouer à Toulon. Je me suis libéré du contrat que j'avais là-bas et je suis venu. J'ai toujours aimé les clubs comme Toulon ou Sochaux, des clubs familiaux, avec une identité et comme j'avais de la famille sur Six-Fours et Sanary...


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Il y en a eu tellement. Mais j'avoue, le joueur avec qui j'avais une très forte sensibilité, c'était Frédéric Meyrieu. Lui c'était la classe, un vrai 10. Il savait le moment où il fallait jouer, donner le ballon. On ne se regardait même pas. Y'avait les anciens aussi comme Luigi (Alfano) et Jean-Louis (Berenguier),  Peter Bosz aussi, un milieu qui ratissait tout. " Une machine à laver" qui courait pour tout le monde, il avait 4 poumons, un grand joueur. Miguel Pineda, super attaquant.

Les petits "Marseillais": Patrice Marquet et Patrice Eyraud, c'était des "bons petits footballeurs"...

Luc Borrelli, dans les buts. Rolland avait su faire venir des bons joueurs, en plus d'être devenu une vraie équipe de copains.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE A TOULON ?

Lorsque Rolland a été incarcéré, c'est Délio qui a pris la succession, le relais. Avant chaque match le vendredi, il me semble, on allait dans le bureau du prez avec le coach et toute l'équipe et là, de Luynes (la prison dans laquelle était Courbis), Rolland donnait ses instructions et la compo. C'était un fait incroyable et particulier. Tous autour du bureau, on attendait et on écoutait.. Çà me faisait penser à la série drôle de dames... vraiment !!! (rires).

Et puis y avait tout à Toulon : on jouait sans être payé, les bringues entre nous, les joueurs qui arrivaient en Harley, les 4 ou 5 entraîneurs que j'ai connu et Jean-Louis Berenguier qui chantait du Claude François... (rire)


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Un match incroyable à Mayol contre l'om. On gagne 1 à 0 et c'est Fred (Meyrieu) qui marque. Je jouais avant centre et derrière chez eux, c'était la grosse équipe avec Moser, Boli et Di Meco il me semble. En tout début de match, sur un duel aérien, çà a chauffé avec Moser et il m'ouvre l'arcade d'un coup de coude. Je suis allé me faire soigner et en revenant, j'avais la haine, en plus dans les tribunes, c'était le feu. On les a battu ce soir-là, car on avait le mental pour çà, surtout contre l'om.

Y'a un autre match aussi, à Saint Etienne. On avait gagné et ce soir-là, grâce à cette victoire, on se sauve... Super souvenir aussi.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE?

Je dirais que je n'ai surtout jamais regretté mon choix, d'avoir porté ce maillot azur et or frappé de cette rascasse. J'ai un grand souvenir de tous ces gens qui m'ont accueilli ici, de la famille Toulonnaise et de ses valeurs humaines. Ils m'ont toujours soutenu, même à la suite de mon problème de dopage au diantalvic. Et ce qui m'a touché et marqué, c'est que j'ai reçu de la part du maire de Toulon, Mr Arreckx, la médaille de la ville, et çà, çà marque. Je l'ai toujours d'ailleurs et j'en suis très fier. Il ne la donne pas à tout le monde et je me souviens, il m'avait dit que je représentais bien le sport avec ma mentalité. Cette ville et ce maillot, je les aurai toujours dans mon coeur, vraiment, sincèrement. Je suis toujours attaché à ce club, à cette ville.

Et puis il y a une personne qui était le vecteur de tout çà: Rolland. Il correspondait à ce type de club, à cette équipe et à cette ville. Il correspondait bien à l'image que l'on avait à l'extérieur et on le savait.


QUE DEVIENS-TU ?

Après des années au Maroc, je suis devenu l'entraîneur de l'équipe B de l'om. Je remercie fortement Nasser Larguet avec qui j'ai travaillé dans les sélections jeunes au Maroc. Il m'a demandé si j'étais intéressé par le projet de l'om. L'om, c'est une institution avec une ferveur, des gens... D'ailleurs, ils m'ont déjà parlé du futur derby contre le sporting en national 2. Ils m'ont dit que c'était très chaud, que çà n'avait pas changé... Laurent Spinosi, m'a même dit : "entre le gazelec et Toulon, on va être bien ..." (rire)...


PHILIPPE ET LE SPORTING : 

Milieu.

1989/1990: 36 matchs. 4 buts.

1990/1991: 28 matchs. 4 buts.

1991/1992: 39 matchs. 2 buts.

1992/1993: 36 matchs. 3 buts.