INTERVIEW PAUL ORSATTI


"Ce fut mon jour de gloire à Toulon."


Arrivé de Bastia à l'automne 1970 avec pour mission de renforcer l'imperméabilité de la défense azur et or, il restera 2 saisons en tant que joueur sur les bords de la plus belle rade d'Europe. Il fut le dernier rempart face aux attaquants adverses ce qui permit au sporting de sauver sa place en deuxième division à l'issue de la saison 70/71. Aujourd'hui, c'est avec un Corso-Toulonnais, ou l'inverse, que je vous propose de passer un moment: Mr Paul Orsatti.


PAUL, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

C'est une grosse histoire. Je devais aller à l'om. Le président de Bastia de l'époque m'avait donné son accord et quelque temps plus tard, il est revenu sur sa parole, sur sa décision. Je l'ai mal pris et j'ai arrêté de jouer. Cet épisode m'avait quand même contrarié et vers les mois de novembre-décembre, Jean Piétri qui avait été sélectionneur du Maroc, qui était sur Toulon, et qui était aussi de mon village, me contacte en me disant qu'il cherchait un gardien. J'ai rencontré le président, Mr Aliotti, qui était Corse également, et je suis arrivé à Toulon. Ils étaient en deuxième division et mal classés. On a réussi à se sauver.


QUEL JOUEUR DU SPORTING VOUS A LE PLUS MARQUÉ ?

C'est Christian Dalger. C'était un phénomène du football. C'était la classe internationale, il avait tout pour faire une grande carrière. Jean-Pierre Alba également, très fort techniquement, il venait de Nice en première division. André Guy aussi, l'avant-centre qui avait joué à Lyon et en équipe de France. Non, il y avait du beau monde dans cette équipe-là. Une belle petite équipe.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR VOTRE PASSAGE A TOULON ?

Ma plus belle anecdote et c'est celle qui m'a le plus marqué, c'est mon amitié avec Daniel Herrero. On a sympathisé et on est devenu inséparable. On s'est apprécié et on a appris à se connaître. On avait des échanges très forts au niveau de la pédagogie, du Var, de la Corse, du jeu foot et rugby. C'était très fort, très puissant. On avait les mêmes valeurs. Le sport, c'est quelque chose qui se mérite, qui ne se vole pas. C'est une grande personnalité. Moi, j'étais joueur, lui entraîneur. Daniel m'avait demandé de venir, un jour, voir un avant match dans le vestiaire. Voir la préparation d'avant match des rugbymen, c'était très fort. Ce qui m'avait frappé, c'était le trac qu'ils avaient avant la rencontre, avant de rentrer sur le terrain. Ils le manifestaient par une violence sur eux-mêmes. Ils lâchaient le "venin" qu'ils avaient en eux. Je m'en suis servi après quand je suis devenu entraîneur. La mise en avant des valeurs, du club, de la ville, de la famille, des couleurs. On avait la même vision du monde du sport. Une mission de devoir et de respect. Respect du public qui vient nous voir, respect de la ville, respect de l'histoire à "écrire". L'agressivité que l'on doit transmettre aux autres. Oui, une belle et grande histoire d'amitié. De temps en temps, on essaye de se voir.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Il y a un match dont je me souviendrai tout le temps, c'est un huitième de coupe de France, il me semble,  à Cannes contre Monaco. On s'est qualifié aux tirs au but et sur la séance, j'arrête trois pénaltys, dont un de mon ami Christian Dalger. Je savais où il allait tirer, j'ai tendu le bras à droite, il a tiré à gauche. Il était tombé dans le piège. Ce fut mon jour de gloire à Toulon. Ils étaient en première division, nous en deuxième.


EN QUELQUES MOTS, SI VOUS DEVIEZ RÉSUMER VOTRE AVENTURE TOULONNAISE? 

J'ai une image qui me vient en tête. Quand je suis arrivé à Toulon, c'est comme un pilote qui se pose sur un porte-avions après avoir traversé des turbulences. J'y ai passé deux très belles années là-bas avec ma femme. À Toulon, il y a beaucoup de Corses. J'ai rencontré beaucoup de gens sympathiques et une belle amitié avec Daniel Herrero. Ce sont de belles histoires que j'ai vécues là-bas. C'est un club cher à mon coeur, il est toujours dans mon esprit. On dit souvent que le maillot des gardiens de but, c'est un peu leur deuxième peau. Mes deux secondes peaux, étaient les maillots des deux sporting. Celui de Bastia et celui de Toulon.


QUE DEVENEZ-VOUS ?

Je n'ai pas arrêté. J'ai mis en place des modules de haut niveau qui sont ma propriété et qui sont à la disposition des entraîneurs. Un footballeur, c'est un sportif mais, aussi un homme. Le sport mérite qu'on l'aime, pas qu'on en ait peur. Je rends service avec mes modules... Et je profite aussi de ma Corse. On peut vieillir en restant présent.


PAUL ET LE SPORTING :

Gardien de but.

1970/1971: 19 matchs.

1971/1972: 35 matchs.

Entraîneur.

1985/1986:   9 matchs.

1986/1987: 11 matchs.