INTERVIEW ALAIN LARDEYRET


 

"Il y avait des spectateurs de partout. Sur le toit des tribunes, sur les projecteurs!"


Encore un nom qui ne laisse pas indifférent les amoureux de la rascasse. Natif de la cité de Raimu, il fera la fierté du peuple de la rade durant ses onze saisons professionnelles passées dans sa ville. Surnommé "Blek" à cause de sa chevelure blonde en tout point identique à celle de ce célèbre personnage de bande dessinée des années 70, il aura muselé les meilleurs avant-centre de l'hexagone durant une décennie et participera à la création de la fameuse renommée de la muraille azur et or. Défenseur intraitable, rude et téméraire dans les duels, toujours prêt à se sacrifier au nom du collectif, mais homme très attachant. Aujourd'hui, c'est avec Alain Lardeyret que je vous propose de passer un moment.


ALAIN, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

J'ai signé ma première licence au sporting à l'âge de 11 ans en pupille. Il n'y avait pas, comme maintenant, beaucoup d'autres clubs à Toulon et j'y suis resté jusqu'en 81. Soit 20 ans, dont 11 saisons en tant que professionnel. D'ailleurs, j'ai signé mon premier contrat pro à 20 ans, et pour une durée de 5 ans. On avait joué contre Nîmes entraîné par Kader Firoud, et il m'avait repéré. Moi, je m'apprêtais à signer à l'asptt de Toulon pour avoir une place de facteur. Quand le directeur sportif de l'époque, Mr Sirvente à entendu dire que Nîmes s'intéressait à moi, il m'a fait signer et leur a dit : "si vous le voulez maintenant, il faudra payer". Et puis c'est quand même plus agréable de faire footballeur que de travailler... (rire).


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ? 

Jean Tigana et Sarr Boubacar. Ils ont eu des grosses carrières après le sporting. On avait une grosse défense qui ne prenait pas beaucoup de buts. On jouait regroupé derrière et au milieu Tigana et Boubacar devant faisaient la différence.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE A TOULON ?

Il y en a plein, sur et en dehors du terrain. On avait une équipe du cru. Tout le monde était du coin, je veux dire de Toulon ou des environs. Quand on perdait, et on ne perdait pas souvent, le lendemain à l'entraînement, Marcel Duval notre entraîneur nous disait à nous tous, que l'on allait repartir faire notre ancien boulot. À Jean Tigana, il lui disait : "toi, tu vas retourner faire le facteur", à moi: " tu vas refaire le monteur d'ascenseur"... On y passait tous, un par un (rire).

Quand j'ai signé pro, il y avait les Dewilder, les Esteve, les Barret, les Alba et tous les autres, je me suis dit que je n'allais pas jouer souvent, voire jamais. Et puis je suis rentré dans l'équipe, et je n'en suis plus jamais ressorti.

Je me souviens aussi d'être allé 3 fois à  Épinal en car, la même saison, et trois fois le match a été reporté,  parce qu'il y avait 40 centimètres de neige sur le terrain. C'était impossible de jouer. Et comme à l'époque, c'était l'arbitre qui décidait çà avant le match, au dernier moment. On a fait 3 fois pratiquement 2 000 kilomètres aller-retour pour rien.

À une époque, j'aurais pu partir de Toulon. L'année où Sarr Boubacar signe à l'om, ils me voulaient aussi. Mais je suis resté ici. Je n'ai pas voulu y aller. Il y avait Nancy aussi, mais là-bas, c'est le nord. Et puis Monaco, qui me voulait et l'année d'après, ils sont champions de France. Mais j'étais bien à Toulon, j'étais capitaine, j'avais mes gosses.

Marcel Duval nous disait toujours avant les rencontres : "on débute le match à 0/0, si vous ne prenez pas de but, on ne peut pas perdre" (rire). En fait, on jouait regroupé derrière et Boubacar seul devant, mettait buts sur buts.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Je me souviens en 75, il me semble. On joue contre Monaco sur terrain neutre à Digne en coupe de France et on les sort en les battant 1 à 0 avec notre équipe de gars de Toulon. Ils étaient champions de France en titre.

J'ai eu la chance de marquer les plus grands attaquants de l'époque : Onnis, Carlos Bianchi, Skoblar, Lacombe, Berdoll. D'ailleurs, j'ai joué 10 fois contre Délio et jamais il n'a marqué contre nous. Il me convenait: il ne courait pas beaucoup (rire). Non, il fallait "juste" ne pas lui laisser un mètre.

Il y a un match aussi contre le Psg , toujours en coupe. On perd 1 à 0. Devant, ils avaient : Carlos Bianchi,  Dahleb et M'Pelé. Mais ils ne nous avaient pas bougés, loin delà.

Et puis, il y avait Bon Rencontre. Les équipes qui y venaient avaient "chaud au cul". Une saison, on avait pris 1 but sur 19 matchs à la maison. On avait un effectif réduit de 12/13 joueurs. Le stade était plein, 9 à 10 000 personnes. Il y en avait de partout. Sur le toit des tribunes sur les projecteurs. C'était toujours chaud. Les gars étaient avec nous, ils étaient comme nous : des quartiers de Toulon. On les voyait au bistrot. Ils s'identifiaient à nous. Ils allaient boire un coup au bar et après, ils nous suivaient à l'entraînement..


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE?

Il y a encore beaucoup de personnes qui parlent encore de cette époque-là. C'était une belle expérience, celle du moment. Migeon m'avait donné le surnom de Bleck et à l'époque quand vous disiez sur Toulon : Bleck, tout le monde savait que c'était moi. On avait une vraie équipe de copains et c'est pour cela que l'on avait de bons résultats. C'était grâce à cet état d'esprit. Et si on avait eu un président qui mette 4 sous dans le club, on serait monté en première division, je pense. Il ne manquait pas grand-chose. On a souvent échoué à 2/3 points.

Personnellement, je me suis retrouvé souvent dans l'équipe-type de France Foot et c'était une satisfaction.

Mais ce qui a fait du mal au sporting, c'est quand il y a eu la scission entre l'équipe 1 et la dh. Les entraîneurs n'étaient pas d'accord pour jouer de la même façon, surtout défensivement, et le coach de la dh est parti créé le racing et il a emmené tous les jeunes du club. D'ailleurs, maintenant quand je vois Meyrieu qui va donner tous ses bons jeunes à l'om, alors que l'on est à Toulon...


QUE DEVIENS-TU ?

À la suite de ma carrière, j'ai fait une belle reconversion et maintenant, je suis à la retraite et j'en profite en famille.. Je vais à la chasse aux sangliers entre autres. Et puis une ou deux fois par an, on mange ensemble avec les anciens. On fait un repas le soir..On mange et on va se coucher (rire). Sinon j'ai 70 ans, mais je suis toujours les résultats du sporting et j'espère que l'on va retrouver au moins la ligue 2 un jour.


ALAIN ET LE SPORTING :

Défenseur.

1969/1970:    2 matchs.

1970/1971:  22 matchs.

1971/1972: 12 matchs.

1972/1973: 35 matchs

1973/1974: 31 matchs. 

1974/1975: 33 matchs.

1975/1976: 26 matchs.

1976/1977: 32 matchs.

1977/1978: 33 matchs.

1978/1979 : 27matchs.

1979/1980 : 17 matchs.