INTERVIEW DAVID ANDRÉANI


"Si j'ai un truc à retenir de Toulon, c'est çà: les supporters."


C'est un joueur emblématique de l'époque Bencivengo qui nous accompagnera aujourd'hui. Et une fois n'est pas coutume, c'est un de ses anciens coéquipiers, Franck Luccini, qui va nous parler de lui en guise de préambule : "Il avait un rôle important dans le vestiaire. Il avait une influence sur le groupe, sur l'ambiance, sur la cohésion. Il faisait partie du noyau toulonnais et à ce titre, on peut dire que c'était un cadre de l'équipe. Il était tellement positif qu'il insufflait çà à tous les gars. Sa façon d'être, son engagement et son sourire tiraient le groupe vers le haut, faisait positiver tout le monde. Et sur le terrain, il était fort, avec une rapidité d'exécution. Il faisait l'appel quand il fallait. Il aurait pu largement jouer nettement plus haut. C'était un joueur qui jouait simplement, et les joueurs simples sont souvent les meilleurs." Place maintenant à Monsieur David Andréani.


DAVID, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Je suis un enfant de Toulon, je suis né à Toulon. Ce qui m'a mis dedans, c'est mon grand frère qui m'emmenait à Mayol en 81/82 voir le sporting. On passait par-dessus le mur qui surplombait les populaires. Et là, voir le stade plein, avec ces joueurs, qui sont devenus mes idoles, sur le terrain: c'était top.

Étant jeune, je jouais au Racing avec Maurice Revello, le créateur du tournoi espoirs de Toulon, et il m'avait dit et promis qu'il m'enverrait dans un club pro. Promesse qu'il a tenue quand j'étais junior troisième année. Je suis donc parti à Cannes. Ça ne s'est pas bien passé là-bas avec Guy Lacombe, et je suis revenu. Je voulais arrêter le foot. Et puis finalement, j'ai signé à La Cadière, puis à St Raphaël. J'ai mis 15 buts en National 2, à l'époque, et je me suis fait repérer par Nantes, Bordeaux, Nice et Lens. Je suis parti à Nantes, c'était le choix du coeur. Je voulais jouer avec Suaudeau. Dans le même temps, Lens me voulait vraiment, ils m'ont même proposé de doubler mon salaire, par rapport à Nantes. Je suis quand même resté là-bas et l'année d'après, c'est Lens qui est champion de France. C'était un bon choix de carrière que j'avais fait (rire). J'avais signé trois ans, et dès la deuxième, je suis prêté à Nice. Suaudeau avait laissé sa place à Denoueix et avec lui, mes rapports étaient compliqués. Fallait toujours que je la ramène (rire). De là je pars à Gueugnon avec Alex Dupont qui me demande. On gagne la coupe de la ligue, on se qualifie pour la coupe de l'Uefa et je me fracture le pied lors du match retour en Grèce contre l'Iraklis Salonique. J'arrête le foot pendant un an et demi, et je reviens à St Raph. Finalement, André Di Scala m'appelle pour jouer en cfa2 à Toulon.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

J'en ai tellement. Le redémarrage de la cfa2 avec les Darrigade, Falcucci qui arrivait, Zem, Martin Fall, Zingaro, Rebecq qui était une vraie plaque tournante, et j'en passe. Que des Toulonnais. On sentait qu'il y avait quelque chose qui se dégageait. On ne se battait pas que pour la paye. Il y avait autre chose. Puis après, il y a eu les Flauto avec qui j'avais joué à Gueugnon, Le Moigne, Mesut Bilici, Soulas. Le problème, si je t'en dis un ou deux, je dois tous te les dire, tous te les citer. Il y avait un état d'esprit, une intensité, un niveau de jeu, un investissement personnel de chacun... Que des "chiens de la casse" ! Puis après Mickaël Maurice, Pansier qui avait remplacé Zingaro. On avait une équipe tellement magique.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Sans aucun doute, la cohésion avec le public! Entre les gars du terrain et ceux des tribunes. Surtout à Bon Rencontre. On était très très proche les uns des autres. Je kiffais quand le stade était plein, chaud, bouillant. Ça bougeait grave ! Et les mecs étaient de partout en déplacement. C'était fou. Ils mettaient leurs vies au service du club. L'engouement et la proximité avec ces " psychopathes" (rire). Le public de Toulon est à part, spécial et toujours mal vus de l'extérieur. Un peu comme à Bastia. D'ailleurs, il y a un côté insulaire ici. Non, si j'ai un truc à retenir de Toulon, c'est çà: les supporters. 


UN MATCH EN PARTICULIER ?

À Bourg en cfa l'année de la montée. Déjà, on perd 1 à 0 et Falcucci arrête une action dangereuse en faisant semblant de se jeter, récupère la balle et sur la relance, on égalise. En plus, tout le long du match, les spectateurs avaient insulté Bilici, ils l'avaient pris en grippe. Et c'est lui qui marque le but de la victoire dans les dernières minutes. Il est parti comme un fou les brancher et leur rendre leurs insultes (rire). En fait, c'était chaud contre tout le monde. Les mecs faisaient le match de leur vie. Souviens-toi du match de la montée contre St Priest.

Et puis, je me souviens d'un truc à Rodez, sous la neige. À la mi-temps, Jean-Louis Garcia engueule Micka Maurice : "Calme-toi avec tes "chi-chis"! Joues simplement !". Et-là, sitôt la reprise, il relance en faisant le coup du foulard. J'étais explosé! (rire). On en parle encore.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE?

Génial, un rêve de gosse. Défendre sa ville. C'est ce sentiment-là que je ressentais de la part des Alfano, Bérenguier, Roger Mendy, Bursac, Léo Rodriguez et les autres quand je passais par-dessus le mur pour les voir jouer. C'est pour cela qu'ils étaient mes idoles. Défendre sa ville est un honneur. 


QUE DEVIENS-TU ?

Je me suis un peu reculé du monde du ballon, car l'esprit du foot de maintenant ne me plaisait pas. C'est compliqué la reconversion pour les anciens joueurs pros. Ma femme m'a mis dans la restauration et çà me plaît. J'aime les rapports humains, la déconne et le contact. Mais là avec la Covid, je vais peut-être devoir envisager me reconvertir de nouveau.


DAVID ET LE SPORTING :

Attaquant.

2001/2002:  /

2002/2003: 21 matchs. 2 buts.

2003/2004: 26 matchs. 5 buts.

2004/2005: 30 matchs. 4 buts

2005/2006: 13 matchs. 2 buts.