INTERVIEW ETIENNE VIBOUREL


"Un public extraordinaire. C'était impressionnant."


Il y a des noms qui "sentent bon" le sporting. Des noms qui ont fait et écrit l'Histoire du football dans la cité de Raimu. Des noms qui seront à jamais liés à la Légende toulonnaise. Notre invité d'aujourd'hui aura été une pierre angulaire de ce onze qui permit à la ville, pour la première fois de son histoire, d'être représenté au sommet de la hiérarchie du foot hexagonale. Aujourd'hui, c'est avec un énorme respect que le musée reçoit Mr Etienne Vibourel.


ETIENNE, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

J'étais cadet et je jouais en promotion d'honneur à Besse-sur-Issole. J'étais doublement surclassé et de plus, j'étais titulaire là-bas. C'est Mr Bazardi et son acolyte, dont je ne me souviens plus du nom, qui s'occupaient des équipes de jeunes, qui sont venus me demander de jouer au sporting en junior. Je suis donc venu une première fois faire une saison. J'étais au lycée à Hyères et Gaby Robert, qui était l'entraîneur du Hfc m'a demandé de venir jouer avec eux pour remplacer Neubert qui venait d'être muté. Je me suis imposé à Hyères et j'ai été contacté par Sochaux. L'année où j'arrive, Sochaux termine deuxième, derrière le stade de Reims et comme il n'y avait qu'un seul remplaçant par match et qui n'avait le droit de rentrer seulement avant le début du match, c'était compliqué de jouer. Même si le fait d'être souvent remplaçant à mon âge était une forme de reconnaissance. J'avais fait deux matchs dans l'année, alors j'ai demandé un accord avec le président pour pouvoir me libérer. Je suis parti au service militaire et au retour, j'ai signé comme professionnel au sporting. C'était Gaby Robert qui était devenu entraîneur, qui me l'a demandé. Il avait confiance en moi. Et l'année d'après, on est monté en première division. C'était la première équipe de Toulon qui montait en première division. On était neuf Varois dans l'équipe. Je jouais demi-centre.


QUEL JOUEUR DU SPORTING VOUS A LE PLUS MARQUÉ ?

C'est Jean-Jacques Marcel. Il était venu de Marseille, prêté, il me semble. Il était venu faire l'année de première division. Lui, c'était un crack. Il était extraordinaire. Il jouait milieu de terrain. Il avait un abattage exceptionnel, très fort dans le jeu aérien. Il avait l'art de conduire la balle en souplesse, avec des dribbles longs. Très adroit devant les situations de buts. C'est le seul qui m'a impressionné. Marcel Duval dans son style a été quand même quelqu'un d'important dans notre effectif, c'était un gagneur. Il était serein et solide. Après, on était une équipe de copains, solidaires, toujours présent. Il y avait Ben Driss qui était un artiste, il avait beaucoup de qualités et on travaillait pour lui. Pellegrino et moi, l'approvisionnions en ballon. On fixait et lui, faisait sa petite roulette. Il était capable de faire des roulettes dans la surface de réparation et de finir par un pointu et de marquer. Mais je le répète, c'est l'unité et la solidarité qui étaient de mise. Et puis dans ce vieux stade de Bon Rencontre, sans tribunes, les gars étaient sur 4/5 rangs appuyés sur la barrière et on faisait 11 000 spectateurs. Un public Extra-ordinaire ! C'était impressionnant ! 


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR VOTRE PASSAGE À TOULON ?

Mon père était décédé et j'avais hérité du bar, donc j'étais forcément moins présent et je ne suis pas allé faire le dernier match de la montée à Besançon. Et le souvenir inoubliable, c'est qu'au retour des collègues, Blanc et moi qui n'avions pas joué le match là-bas. On est monté sur un camion devant la gare et on a défilé jusqu'au port. Il y avait une foule inimaginable. Tout le long. On a descendu l'avenue de la gare, ensuite le boulevard de la liberté et là, c'était noir de monde. Une foule immense, jusqu'au port. Ça, on ne l'oubliera jamais.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Le match où l'on reçoit Nîmes. L'erreur des dirigeants de l'époque, c'est de n'avoir pas fait confiance aux joueurs qui étaient montés et d'avoir recruté des gars qui n'ont pas apporté ce que l'on attendait d'eux. Et nous les joueurs de la montée, on s'est retrouvé sur le banc de touche. On a rejoué quand ils ont lâché les recrues, qui pour beaucoup n'étaient pas au niveau. On était dernier avec sept points de retard sur l'avant-dernier. On reçoit Nîmes qui était second. On les bat. On fait un gros match et c'est reparti de là. Et finalement, on fini premier relégable et on descend pour un point ! Ce match-là, on se retrouve pratiquement l'équipe de la saison précédente.


EN QUELQUES MOTS, SI VOUS DEVIEZ RÉSUMER VOTRE AVENTURE A TOULON:

C'était quand même merveilleux. Sportivement, c'était extraordinaire. Le stade était plein. Même en seconde division. C'est bien simple. Le Rugby Club Toulonnais faisait 2 500 spectateurs à Mayol et le sporting entre 10 et 12 000 à Bon Rencontre. C'était archi plein. Ça n'aurait pas dû être autorisé même. Une ambiance énorme. Les gens se régalaient, on avait un esprit offensif. Et puis on avait un esprit de camaraderie. Le sporting de l'époque était fait de Toulonnais, de Varois.


UN DERNIER MOT ETIENNE ?

Je suis toujours le Hfc et je suis allé voir deux fois le sporting. Mais je ne vois presque plus d'amis là-bas. Mais pour être franc, quand ils ont inauguré le musée de Marcel (Duval), on aurait bien aimé être invité. Ça nous aurait fait plaisir. Depuis cet épisode, je ne m'intéresse plus trop au sporting.


ETIENNE ET LE SPORTING:

Milieu.

1956/1957: 13 matchs.

1957/1958: 28 matchs.

1958/1959: 16 matchs.

1959/1960: 14 matchs.

1960/1961: 22 matchs.