INTERVIEW PATRICK COLLOT


"C'était quand même un endroit particulier que de venir affronter Toulon à Mayol."


Pur produit issu du tout récent centre de formation toulonnais dans les années 80. Il sera lancé dans le grand bain de la première division par Rolland Courbis avant même la fin de son contrat de stagiaire, pour ne plus quitter le groupe professionnel. Homme discret, mais joueur terriblement efficace, il restera neuf saisons sur la plus belle rade d'Europe à défendre nos couleurs, dont cinq dans l'élite du foot français. Aujourd'hui, c'est avec Patrick Collot que le musée vous propose de passer un moment.


PATRICK, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Mon arrivée au sporting est un pur hasard. Je ne pensais jamais devenir joueur professionnel. Je jouais à la MJC Avignon et un ami à moi a su qu'un joueur de chez nous venait faire un essai au sporting. Il m'a dit : "viens, on va demander à l'entraîneur si on peut bénéficier aussi de l'essai qui va se faire à Toulon." Il a accepté et a téléphoné à la personne qui prospectait pour le sporting dans la région. À la fin du stage, c'était Christian Dalger qui supervisait tout ça, il a convoqué mes parents pour leur dire qu'ils étaient intéressé pour que je rentre au centre de formation. Et l'ami à moi n'a pas été pris. Ils ont réussi repéré pas mal de bons joueurs en peu de temps finalement : David Ginola, André Blanc, Patrick Revelles, Luc Borrelli, Frank Leboeuf. Oui, il y en a eu pas mal de joueurs de sortis de cette génération-là et qui ont fait de grandes carrières.

Et au début, le centre de formation au-dessus du stade n'existait pas. On dormait dans des chambres louées par-ci, par là. Moi, j'étais avec Luc Borrelli, au Mourillon. On avait les tickets pour les bus qui nous amenaient à Bon Rencontre et on mangeait au mess des officiers. On était un peu livré à nous-même et j'ai eu des difficultés, les trois premiers mois, à m'intégrer. Et ensuite quand on est arrivé au centre de formation, les gens étaient là pour nous encadrer, nous accompagner. Ça a été plus facile.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Il y a beaucoup de bons et de grands joueurs qui sont passés par Toulon. Mais c'est vrai que les Bernard Casoni, Roger Mendy, Bernard Pardo, Joseph-Antoine Bell, Martin N'Kouka, Délio Onnis, qui était en fin de carrière, mais qui était un attaquant extraordinaire, avec une qualité de finition exceptionnelle. Ces joueurs-là, ont vraiment eu une grande importance pour moi et ont marqué mon parcours. Berenguier, Alfano. Bref, tous ces joueurs qui sont passés au sporting, on eut un impact sur le club très, très important.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Moi, ce qui m'a marqué le plus, c'est ce qui m'a permis de lancer ma carrière. C'est cette élimination en coupe de France contre Sète aux pénaltys. J'étais en fin de contrat de stagiaire et je ne savais pas si j'allais pouvoir continuer ou pas. Rolland Courbis qui était l'entraîneur à l'époque, a voulu, un peu faire table rase de certains joueurs, à cause de cette élimination. Et m'a permis de faire les six derniers matchs avec l'équipe première, de bénéficier de temps de jeu, car jusqu'à présent, je n'avais pas eu la possibilité d'intégrer le groupe pro et, finalement, d'être prolongé.

C'est cette prise de décision de Rolland Courbis, qui m'a permis de venir m'entraîner, d'être sur la feuille de match. Mon premier match, c'était remplaçant contre Bordeaux, j'étais rentré un petit peu de temps et derrière, je joue contre Laval et je marque un but sur une passe de Laurent Paganelli. Et ça lance ma carrière. Cette élimination-là a été très, très bénéfique pour moi.

Rolland, c'est un personnage, c'est quelqu'un. J'avais beaucoup d'affections pour cette personne-là. Il sera l'entraîneur qui m'a permis de m'exprimer au plus haut niveau. Il avait des compétences sur le jeu, tactiquement, avec un charisme énorme. J'ai de grands souvenirs avec Rolland. Il avait ce côté "meneur d'hommes", dans l'avant match, pour motiver ses joueurs. Et sur le plan émotionnel, à vouloir sublimer ses joueurs et lui a une grande capacité à faire ça. Il avait cette motivation, cette détermination qu'il transmettait au groupe, à l'équipe.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Je me souviens d'un match où l'on avait joué contre le racing-club de Paris, le Matra racing. On avait gagné deux à zéro et c'est moi qui avais marqué les deux buts. Le lendemain, il y avait eu un article : " Collot, prince de Parc". Ça m'avait toujours un petit peu marqué cette victoire et ce titre-là. Marquer deux buts dans ce stade mythique, c'est un bon souvenir et le titre de l'article un joli clin d'oeil.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE AU SPORTING:

Pour moi, c'est tout mon apprentissage. J'ai connu le centre de formation avec Gaby Robert et Patrick Storaï, qui m'a appris mon métier. Un apprentissage de qualité avec monsieur Gaby Robert qui était venu donner un coup de main à l'ouverture du centre de formation. Patrick Storaï avec qui j'avais une proximité et une écoute importante, sont pour beaucoup dans ma progression et mon évolution. Cette époque-là, c'est l'insouciance, les copains, un moment privilégié du début de la carrière, dans une région fantastique. J'avais l'impression d'être dans une famille et ça, ça été très important pour moi qui étais encore gamin à l'époque.

Et puis, il y avait aussi l'ambiance du stade Mayol. C'était une ambiance à la Toulonnaise, avec un environnement particulier où tout été fait pour que les adversaires craignent de venir jouer à Toulon, à Mayol. Je pense que les joueurs d'en face devaient le ressentir. Il y avait chez nous des joueurs avec de grosses expériences, de gros caractères, un engagement physique énorme. Il y avait les Alfano, Bérenguier, Boissier, Rolland Courbis. Ils mettaient une intensité athlétique très, très importante. C'était quand même un endroit particulier que de venir affronter Toulon à Mayol.

Et puis Toulon, ça restera le club qui m'a lancé. Je le garde toujours au plus profond de moi.


QUE DEVIENS-TU ?

Actuellement, rien du tout. Je me suis fait licencier de Nantes en février dernier lors de l'arrivée de monsieur Domenech. J'étais arrivé avec Vahid Halilhodzic, puis avec Christian Gourcuff. Monsieur Kita voulait me conserver, mais Antoine Kombouaré a voulu travailler avec son adjoint et son préparateur physique. Donc depuis, je suis à la recherche d'un nouveau challenge. C'est un milieu très fermé, un microcosme, donc on verra. Je n'ai pas de plan de carrière bien défini. Je peux même m'occuper de jeunes dans un centre de formation. Je suis plutôt un serviteur des clubs qui m'emploient, plutôt qu'autre chose. 

Je suis passé à Lille, Nantes et trois ans à Lyon avec Claude Puel aussi. De belles saisons, de belles choses. La ligue des champions avec Lyon et Lille. J'ai fait des choses très intéressantes. De pouvoir découvrir les plus grands clubs européens, c'est quelque chose de très intéressant également. Depuis le mois de février, je me ressource, je me repose. Mais-là, ça commence à me démanger, il y a quand même un certain manque. Le match du week-end me manque, c'est l'aboutissement d'une semaine de travail, c'est l'objectif numéro un. La reconnaissance du travail accompli et la concrétisation d'un groupe. C'est difficile de s'en passer quand on fait ça depuis des années.

Je n'ai plus du tout suivi les résultats du sporting. C'est vrai que le club est tombé dans des profondeurs, j'ai perdu complètement ce qui se passe à Toulon. Mais j'ai vu dans la presse que Tigana venait comme directeur sportif. Si ça peut bénéficier au sporting, ce serait une très bonne chose. Le club à ce niveau-là, c'est un peu triste.


PATRICK ET LE SPORTING :

Milieu.

1983/1984: équipe B.

1984/1985: équipe B.

1985/1986: équipe B.

1986/1987: équipe B.

1987/1988:  6 matchs. 2 buts.

1988/1989: 28 matchs. 2 buts.

1989/1990: 27 matchs. 4 buts.

1991/1992:  1 match.

1992/1993: 26 matchs. 5 buts.