INTERVIEW JEAN-DÉSIRÉ SIKELY


"J'ai beaucoup aimé Toulon. Je ne pouvais pas m'imaginer que Toulon était comme cela."


Arrivé à Toulon pour suppléer Boubacar Sarr à la tête de l'attaque azur et or, il sera resté trois saisons sur la rade et aura transpercé les défenses adverses à plus de trente reprises.

Attaquant vif et rapide, il marquera son passage au sporting par son aptitude à battre n'importe quel gardien, par sa gentillesse et sa faculté à s'adapter à cette ville.

Aujourd'hui, c'est avec Jean-Désiré Sikely que le musée vous propose de passer un moment.



JEAN-DÉSIRÉ, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

J'étais stagiaire-pro à l'Olympique de Marseille et comme la loi interdisait plus de deux joueurs étrangers et qu'il y avait déjà Sloblar et Magnusson, je ne pouvais pas signer là-bas. Et c'est comme cela que je me suis retrouvé au sporting. Il n'y avait à Toulon que Boubacar Sarr comme joueur étranger. Ce sont le président et le directeur sportif qui sont venus me chercher. Ils m'ont fait signer mon premier contrat pro pour une durée de quatre ans.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

On avait une grosse équipe, dont une défense solide. Un milieu de terrain pas possible avec Jeannot Tigana, Baltimore. Une grande équipe, mais peut-être qu'il manquait de l'intention pour monter en première division. Avec un peu plus de moyens, on serait monté. Pourtant, on était costauds quand même. Mais je le répète, il y avait une grosse défense. Avec Bleck, le roc (Alain Lardeyret), Eric Vicent et les autres. C'était des fous (rire), des tueurs à gages (rire). Ils ne mettaient que des coups ! Leur défense était intraitable, je le dis : intraitable ! C'est ce qui faisait la force de l'équipe. Donc, comme eux derrière assuraient tous, nous devant on essayait de faire en sorte de ne pas les décevoir quand on avait une occasion. Sinon, il y avait l'entraîneur aussi, Monsieur Duval. C'était aussi quelqu'un, lui. Il était bon, mais il était dur.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE A TOULON ?

La ville de Toulon tout simplement. J'ai beaucoup aimé Toulon. Je ne pouvais pas m'imaginer que Toulon était comme cela. Les gens nous reconnaissaient et venaient nous voir. Quand je faisais le marché sur le cours Lafayette avec ma femme, personne ne voulait que l'on paye nos légumes ou autres. Ils avaient toujours le mot gentil, la petite tape amicale dans le dos. Il y avait vraiment une chaleur humaine à Toulon. Çà m'a marqué, beaucoup marqué. J'ai pas les mots qu'il faut. C'est à part dans ma vie, Toulon.


UN MATCH EN PARTICULIER: 

Un soir de match à domicile, il était venu dans notre vestiaire Nestor Combin. Et il me dit : " jeune homme, j'ai remarqué que tu avais beaucoup d'occasions devant le but, mais tu ne les mets pas. Tu ne fais que donner aux autres pour que ce soit eux qui marquent. Et tu vois, le lundi dans les journaux, c'est leurs noms qu'il y a d'écrit, pas le tien. Quand tu as des occasions comme ça, essaye de les mettre au fond !". Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Le match suivant, on reçoit Toulouse. J'ai repensé à ce qu'il m'avait dit. Et ce soir-là, j'ai marqué quatre buts ! Dans les tribunes de Bon Rencontre ce jour-là, il y avait Skobblar et l'entraineur de l'om. Je ne le savais même pas. Ils étaient venus voir jouer Tigana. À la sortie du stade, ils m'ont dit : "l'année prochaine, tu reviens à Marseille".


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE À TOULON ?

Mon aventure à Toulon m'a été bénéfique. Il a fallu que je vienne jouer à Toulon pour devenir ce que je suis. Ça a été un énorme accélérateur de carrière pour moi. Ça m'a propulsé, en fait. Ça m'a permis de jouer à Marseille et à Montpellier quand Louis Nicollin m'a contacté. C'est Toulon qui a fait de moi ce que je suis. Je n'ai que des bons souvenirs de Toulon. Si je dis que j'ai un mauvais souvenir là-bas, je mens. Et je vais vous dire. Je n'ai mis qu'une seule photo d'équipe chez moi et c'est celle du sporting.


QUE DEVIENS TU ?

J'ai fait une académie de football à Abidjan pour former de jeunes joueurs et faire en sorte qu'ils trouvent un club ici, en France. Et ici, j'ai créé à Marseille, avec mon fils une agence de management pour accompagner ces jeunes. Bref, je suis toujours en pleine activité.


JEAN-DÉSIRÉ ET LE SPORTING:

Attaquant.

1975/1976: 26 matchs.  8 buts.

1976/1977: 32 matchs. 14 buts.

1977/1978: 29 matchs.  9 buts.