INTERVIEW RÉGIS COULBAULT


"Ça te construit un homme des émotions comme ça."

 

Encore un pur produit estampillé made in Sporting. Il sera de cette génération qui aura fait chavirer Mayol un soir de février 96 contre Bordeaux. De ce commando azur et or qui sera sacré champion de France de National. De cette jeunesse Toulonnaise qui s'appliquera journée après journée à ressusciter ce sporting moribond. Défenseur digne de ses illustres prédécesseurs, il était un pilier de cette équipe qui, de l'avis de beaucoup de supporters de la rascasse, sera la dernière à avoir fait briller les couleurs de la ville et du club au niveau hexagonal. Aujourd'hui, c'est avec Régis Coulbault que le musée vous propose de passer un instant.


RÉGIS, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

J'avais 14/15 ans et je jouais du Racing. Je commençais à "toucher ma bille", j'étais en sélection Méditerranée, on a été champion de France avec cette sélection. Et j'avais la possibilité de partir dans quelques clubs pro comme Monaco, Metz, Toulouse et aussi le sporting qui m'avais approché par l'intermédiaire de Patrick Storaï. Et je t'avoue que c'était un peu mon club vu que je suis Toulonnais, Varois et j'ai préféré venir au sporting. La seule condition et c'est mes parents qu'ils l'avaient exigé, c'est qu'ils créent une structure scolaire. Ils l'ont fait, alors je suis venu, c'était en 1988.

J'ai eu un contrat d'aspirant, puis de stagiaire. J'étais cadet, j'ai donc commencé à jouer en cadets nationaux, puis en junior, un petit peu dans l'équipe 3 du sporting en dh et en réserve, en troisième division. Puis on a été rétrogradé sportivement et administrativement. Le club est tombé en national et est reparti qu'avec des minots. Et je faisais partie de ces minots-là. On avait un super groupe, on était vraiment jeune et je me suis même retrouvé capitaine deux ou trois matchs, j'avais 22 ans. On a fait une première saison en national où l'on s'est sauvé de justesse. Et l'année d'après il y est arrivé un peu d'argent dans le club, ils ont recruté pas mal de bons joueurs. C'est l'année où Alain Bénédet est revenu, mais on n'est pas monté. On fait une belle saison et on finit 4e ou 5e. Puis la troisième année de national, c'est là que l'on a tout cassé. Ils font venir Arthur Moses, Cabezas, Zingaro, Didier Rabat. En fait, on avait un super groupe de jeunes, il nous manquait juste ces 4/5 mecs-là qui avaient de l'expérience et qui étaient un peu au-dessus de nous par rapport à leurs vécus surtout.

On monte en D2, et les dirigeants recrutent des joueurs en fin de carrière, qui n'avançaient plus (Vervoort, Demol par exemple) et qui ont pris la place de mecs au club qui avaient largement le niveau de faire une bonne saison en deuxième division. Les six premiers mois de D2, on est 19e, ils virent Luigi, qui mettait les joueurs que l'on avait recrutés pour lui. Ils le remplacent par François Bracci qui dit : "stop, on met des jeunes". On finit 5e ou 3e de la phase retour et on se sauve. 


QUEL JOUEUR T'A LE PLUS MARQUÉ ?

C'est difficile à dire, parce que l'on était vraiment un groupe de joueurs qui avaient à peu près tous le même niveau. C'est des mecs avec qui on a vécu des choses extraordinaires, vraiment extraordinaires. Cette année-là, la montée en D2, faut pas oublier, on finit champion de France en battant Saint Brieuc en finale. C'est le seul titre national de l'histoire du club. On finit premier de la poule avec 5/6 points d'avance, on élimine Bordeaux en coupe. On était vraiment une bande de potes. On a aussi connu des galères, pas payés par moments. Je pourrais t'en citer pleins : Rebecq, Marésu, Charlet, Zem que j'ai connu quand il est arrivé à 19 ans, Zingaro, Boissier, Bonadeï et d'autres encore. Et faut pas oublier Moses et Cabezas. Moses faisait la différence par son physique et Jeannot, il nous mettait les buts. Moses en a mis aussi, mais Jeannot devant le but, il était fort.

Arthur était un ton au-dessus quand même. Par ses qualités physiques. Il aurait dû faire une plus belle carrière, je pense. Lui, était impressionnant. Dans l'impact, dans la vitesse.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

On a fait des fêtes tous ensemble en semaine. On jouait trois jours après. Je me souviens, un soir, on va manger dans un restau au Mourillon et après, on finit à la Tortue, une boîte sur le port. On finit tous en croix et le lendemain matin, on avait entraînement et deux jours après un match hyper important. On avait fait ça, car on sortait de 2/3 matchs moyens et on s'était dit c'était pas l'entraîneur, c'est nous. Il fallait que l'on se retrouve entre nous, pour nous souder un peu plus encore. Y'en manquait pas un ! J'ai vu des mecs, Jérémy Sutter par exemple, qui ne sont venus qu'une saison au club (parce que l'on n'était pas payé) et qui ont gardé un lien avec des gens d'ici. 

Et puis on a connu des galères financières. Toulon ça a toujours été un club particulier là-dessus. C'est ce qui en fait son charme et aussi son problème. Franchement, c'était compliqué mais c'est ce qui a fait que l'on s'est resserré encore plus. On voulait gagner, mais pour nous. On en voulait à la terre entière un peu. Ça se voyait sur le terrain, pas un ne lâchait pour un autre.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Bordeaux tout d'abord. Le scénario du match et les prolongations. Ils étaient en plein doute, ça se voyait. Même Zidane et Witschge qui étaient pas mal dans ma zone de jeu, tu sentais qu'ils doutaient dans ce qu'ils faisaient. Et avant Bordeaux, on élimine Toulouse qui était premier en D2. Plus personnellement, c'est la finale du titre de National à Saint Brieuc. On gagne 2/1 en prolongations avec un but en or (c'était la règle à l'époque) et c'est moi qui marque ! Pour un latéral, je m'en souviens. Et puis après on avait fait une belle fête dans Rennes en revenant. Ça aussi, c'est un très très bon souvenir.

Montpellier en coupe. On pense que l'on peut passer ce jour-là. Ce match-là, c'est beaucoup de regrets. Je suis cuit physiquement au bout d'une heure et quart, et je ne fais pas les prolongations et c'est un regret. J'aurais aimé finir le match.

Je me souviens aussi des sept que l'on prends à Sochaux (rire).


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE À TOULON:

Humainement, ça m'a construit. Quand tu connais le meilleur sportivement et le pire financièrement. Les galères pour finir le mois. Ça te construit un homme des émotions comme ça. Quand tu vis ce type d'émotions, que tu vas très très haut et très très bas aussi, forcément pour l'expérience de vie, c'est pas mal. C'est mon club, c'est ma ville. Même si on ne se voit pas tous, il y a toujours un lien affectif vachement fort entre nous. Sportivement, à notre niveau on a fait et connu des trucs extraordinaires. Bref le foot, c'est une vie extraordinaire....Si t'es payé ! (rire)


QUE DEVIENS-TU ?

J'ai ouvert un magasin dédié au golf (Eurogolf By côté golf à La Garde) avec deux potes, il y a 20 ans. L'un était même préparateur physique au club dans les années 80, Philippe Millet et l'autre, Frédéric Albertini avec qui je jouais en cadet nationaux et en D3 au sporting. On est trois associés. Je continue à travailler dans le sport.

Tous les week-ends, je regarde ce que fait le sporting et Hyères parce que j'y ai fini ma carrière.


RÉGIS ET LE SPORTING :

Défenseur.

1991/1992 : équipe B.

1992/1993 : équipe B.

1993/1994 : 26 matchs.

1994/1995 :  5 matchs.

1995/1996 : 32 matchs.

1996/1997 : 30 matchs.