INTERVIEW LÉONARDO RODRIGUEZ


"Gagner de cette façon face au Psg est incroyable."

Rarement, un joueur n'aura marqué autant les supporters toulonnais et le club dans son ensemble, tout en ne restant que quelques mois sur la rade. Il aura éclaboussé de par sa classe et son talent toutes les pelouses françaises qu'il aura foulées, à commencer par la nôtre, la sienne : Mayol. Arrivé pratiquement incognito au pied du Faron, il devint vite le messie. Celui qui aura largement contribué à nous maintenir cette saison-là. Avec lui, tout pouvait arriver et tout arriva. Un but victorieux contre Lyon à domicile, un autre qui arracha le nul contre Monaco, un quadruplé à Mayol contre Nancy, sans oublier le chef-d'oeuvre du Parc.

Bref, ce joueur-là aura acquis sur la rade la double nationalité : "Toulonno-argentine". Aujourd'hui, le musée reçoit M. Léo Rodriguez.


 LÉO, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Je suis arrivé à Toulon d'une façon assez improbable. Lorsque s'acheva la Copa América au Chili en 1991, et que nous avons été champions avec l'Argentine et également, après avoir été meilleur joueur de la compétition, l'Europe s'ouvrait à moi. Plusieurs équipes me voulaient : le Milan, Séville. Mais j'ai choisi Marseille. Et comme j'étais souvent remplaçant, Bernard Tapie m'envoya à Toulon. Voilà comment je suis arrivé au sporting.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Il y avait de bons joueurs au sporting. J'ai aimé le gardien : Luc Borrelli. Le capitaine aussi : Franck Passi qui savait jouer et marquer également. Le défenseur Thierry Rabat : très vif, agressif. J'avais de très bonnes relations avec Michel Pineda. Patrice Marquet aussi. 

Il y avait un joueur que j'aimais beaucoup aussi, il s'appelait Anziani. Oui, il y avait de bons joueurs à Toulon.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Mon arrivée au club fût compliquée car je ne parlais pas un mot de français et donc c'était difficile de comprendre. C'est grâce à Fabrice un ami de Marseille qui m'a vraiment aidé à communiquer. Tout était nouveau pour moi.

J'arrive dans un club qui était dernier ou presque, je crois. Et ce dont je suis le plus fier, j'ai que j'ai contribué à le sauver sportivement cette année-là. Le club était vraiment en difficulté au classement quand je suis arrivé. Je suis fier aussi des douze buts que j'ai réussi à inscrire cette saison-là. C'est très difficile en Europe de scorer autant, surtout la première année, quand tu arrives d'un autre continent.

Et que dire de la gentillesse des gens, de leur tendresse. Ils étaient tous très attentionnés pour moi. Ça, je ne l'oublierai jamais.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Le match à Marseille est inoubliable. J'affronte le club qui m'avait envoyé à Toulon et on gagne un à zéro chez eux.

Mais mon meilleur souvenir, c'est notre victoire contre le Psg. Ce fut un match historique, fabuleux, car nous avons gagné trois à deux à Paris, dans la capitale, au parc des Princes. J'ai marqué un but impressionnant à l'angle des 18 mètres pratiquement en fin de match. Face à un Psg en plein essor avec Ginola, Valdo, une équipe prestigieuse. Ce fût ma soirée, un match révélateur pour moi, car gagner de cette façon face au Psg est incroyable. Ce match-là avec Toulon, restera à jamais gravé dans mon coeur. Il y avait très peu de clubs qui pouvaient battre Paris chez eux à cette époque et on l'a fait avec Toulon.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE À TOULON :

Revenir un jour à Toulon est un rêve, car c'est là-bas qu'a débuté ma carrière en Europe. Je n'ai jamais pu revenir. Quand j'ai quitté Toulon, je sais que le club a eu beaucoup de problèmes et qu'il est même redescendu en quatrième division. J'ai des relations avec deux-trois personnes proches du club et j'ai envie de revoir Toulon. J'aimerais revoir un jour un match du sporting, retourner à Bandol, là où j'ai habité. J'ai tellement de bons souvenirs de Mayol de Bon Rencontre. Même si mon expérience à Toulon n'a duré qu'une année, elle fut incroyable. J'aimerais revoir tous ces gens qui ont été adorables avec moi. Je pense avoir marqué le club, même si mon passage a été court.


QUE DEVIENS-TU ?

Je suis coach pour le Delta Fc à Benavidez, ici en Argentine. C'est un club formateur et je m'occupe des quatre cents jeunes joueurs du club.


LÉONARDO ET LE SPORTING :

Milieu.

1991/1992 : 27 matchs. 12 buts.