INTERVIEW JEAN-ROCH TESTA


"Ce soir-là, on était premier au classement de première division."

Il a quitté sa Corse natale à l'âge de vingt-deux ans pour tenter sa chance sur le continent. Et comme ses illustres prédécesseurs qu'étaient Paul Orsatti ou Pascal Olmeta, c'est chez un autre sporting, celui de Toulon qu'il décida de poser ses valises. Il ne restera, à son grand regret, que deux saisons au pied du Faron, mais sera marqué par son expérience azur et or. Aujourd'hui, c'est avec Jean-Roch Testa que le musée vous invite à passer un instant.


JEAN-ROCH, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Alors, c'était lors de la saison 85/86 en première année pro au Sporting Club de Bastia. Ça se passait mal sur le plan sportif, mais pas pour moi qui étais devenu titulaire. J'avais marqué sept buts en vingt matchs et terminé meilleur buteur de l'équipe. Mais collectivement, beaucoup de joueurs étaient partis à la trêve, car on n'était plus payé, les contrats étant devenus caducs. Moi, j'étais quand même resté jusqu'à la fin de saison. Mais Rolland Courbis était venu me faire signer en décembre. J'ai signé un contrat de cinq ans au Sporting Club de Toulon, mais il était convenu que je reste à Bastia jusqu'à la fin de saison. Ça arrangeait Rolland que je finisse l'année avec Bastia.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Pour moi qui étais avant-centre, il y avait un avant qui jouait à ma place et qui jouait avec Jorge Dominguez, c'est Victor Ramos. Et Victor Ramos, ce n'était pas véritablement un beau joueur, mais il avait une efficacité devant le but extra-ordinaire. Et pour moi qui me suis attaché toute ma carrière à être efficace, c'était un modèle. Comme Délio Onnis auprès de qui j'ai pris énormément de conseils, me disait : "quand tu es dos au but, tu rends à celui qui est en face du jeu et tu te déplaces pour être à la finition". C'est devenu ma vision des avants-centres. David Ginola aussi m'a énormément marqué. Il était jeune, il était encore stagiaire et on était en chambre ensemble lors des déplacements. Il avait des qualités physiques et techniques exceptionnelles. Luigi et Jean-Louis m'ont marqué aussi, c'étaient "les vieux de la vieille", ils étaient "bonnards". J'aimais beaucoup Roger Mendy. Peter Bosz avec qui j'avais bien sympathisé. Il était très, très droit. Dans la vie et sur le terrain.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Lors de la saison 88/89, on reçoit Cannes pour la quatrième journée. On les bat trois à zéro d'ailleurs, je marque le troisième et ce soir-là, on est premier de première division au classement. C'est la seule fois de ma carrière où j'aurais été premier de première division. (rire).

Je vais te raconter aussi et ce sera également ma seconde anecdote. Un match de coupe contre l'O.M. On avait fait un à un au vélodrome je crois et au retour à Mayol on était à un à un et on s'approchait des prolongations. Rolland me dit : " Jean-Roch, va t'échauffer, tu vas rentrer pour les prolongations". Moi, je me voyais déjà rentrer, marquer le but, nous qualifier et faire exploser Mayol. Et trente secondes avant que l'arbitre ne siffle la fin du match, Papin a eu un ballon en profondeur et il marque. J'suis jamais rentré. (rire).


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Le match que je t'ai dit de Cannes où l'on est premier et un match contre Bordeaux où l'on gagne un à zéro et que je marque à la toute fin de rencontre et où je mets fin à une longue série de matchs sans que Dropsy ne prenne le moindre but.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE À TOULON :

J'aurais dû commencer notre entretien par ça. Le sporting j'y ai passé deux saisons et c'est l'un des plus grands regrets de ma carrière. Surtout, la première, quand j'arrive de Bastia. Je me sentais super bien. J'arrive à Toulon gonflé de confiance, j'enchaîne par le tournoi espoir de Toulon où je finis meilleur buteur de l'équipe de France. Moi qui n'avais jamais été en sélection régionale ou quoi que ce soit. Pour moi, je commençais à atteindre un bon niveau. Et j'arrive au sporting, je fais vingt et un matchs comme remplaçant et sept comme titulaire et j'ai marqué deux buts. Et encore quelques fois, je demandais à aller jouer en troisième division pour avoir du temps de jeu. La deuxième saison, j'ai été prêté au Havre. Comme j'étais au bataillon de Joinville, c'était plus pratique de rentrer en voiture au Havre que de prendre l'avion pour Toulon. En revenant à Toulon, j'ai été blessé au genou. J'ai fait sept matchs titulaires et j'ai marqué deux buts également. Pour moi, bien sûr, c'est un échec. Quelque part, c'est ma faute parce que j'ai pas réussi à m'imposer. Même si je pense que je n'ai jamais eu véritablement ma chance. Je n'ai jamais fait deux matchs d'affilée. Moi et c'est un défaut, j'avais besoin d'énormément de confiances pour avoir de la réussite.

J'aurais tellement aimé réussir à Toulon. Le public était chaud et fidèle. C'est une belle ville, une belle région. J'aurais aimé faire ma place là-bas. C'est un grand regret, un échec. C'est une étape qui aurait dû lancer ma carrière. Au contraire, je me suis découragé et j'ai dit à mon épouse de l'époque, le premier club de seconde division qui m'appelle, j'y vais. Ça a été Dijon, sans rien savoir du club. J'ai marqué quatorze buts en vingt-huit matchs.


QUE DEVIENS-TU ? 

Je mène une petite vie tranquille à côté d'Ajaccio, un petit village de quatre, cinq mille habitants. Bastelicaccia. Je travaille à la ville et en même temps, je suis adjoint du coach de l'équipe de R1 du village. Il a joué d'ailleurs à Toulon, c'est Anthony Colinet. On fait un bon petit championnat, on est second à deux points du premier à dix journées de la fin.

Mais ce que je veux dire pour terminer, c'est que malgré mon échec sportif, je garde un bon souvenir de mon passage sur la rade


JEAN-ROCH ET LE SPORTING :

Attaquant. 

1986/1987 : 23 matchs. 2 buts.

1988/1989 : 19 matchs. 2 buts.