INTERVIEW ALAIN PÉDINI

 

 

" Je voulais prouver quelque chose à Toulon aussi."

Ses anciens coéquipiers disent de lui qu'il était vif, doué techniquement et doté d'une belle frappe de balle. Il restera trois saisons sur la rade. Il aura marqué le public toulonnais et ses partenaires tant par ses qualités de footballeurs que par sa gentillesse. Titulaire indiscutable de Marcel Duval au sein de l'attaque azur et or. Aujourd'hui, c'est avec Alain Pédini que le musée vous propose de passer un moment.

ALAIN, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Je jouais à Angoulême et ils me faisaient jouer milieu de terrain défensif et ça ne me plaisait pas. J'avais signé quatre ans là-bas et j'ai demandé à me prêter à un autre club, n'importe lequel. Toulouse et Toulon m'ont demandé et comme mes parents avaient un bar à Nice, je suis venu à Toulon. Je signe ici et je fais une grosse saison en jouant en numéro dix. Toulon voulait me garder, mais Angoulême voulait que je revienne ou alors se faire payer. J'ai téléphoné au président du club en lui disant que je ne voulais plus retourner là-bas, que je voulais rester au sporting. Au début, il voulait m'échanger avec Tigana et "Titi" n'a pas voulu. Il a eu raison, il était jeune. Du coup, ils m'ont libéré et j'ai continué au sporting.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Le plus fort ? Tigana à Bon Rencontre. À Bon Rencontre, c'était un phénomène. À l'extérieur, c'était pas pareil. Il craignait sûrement, il avait peut-être un peu peur. Pourtant, après quand il a joué à Lyon, à Bordeaux, il jouait partout. Mais chez nous, il était jeune. Mais je le répète à Bon Rencontre, c'était un phénomène : dribbleur, passeur, vison du jeu. Il était super, il faut le reconnaître. 

Alain Lardeyret aussi. Legros, Lardeyret, Simondi et Vicent. C'était une grosse défense, une défense extraordinaire. Lardeyret, il n'avait peur de personne et tout le monde avait peur de lui. Même Onnis avec Monaco, contre Lardeyret, il ne touchait pas un ballon. Les attaquants avec Lardeyret, ils ne passaient pas. Ils pouvaient faire comme ils voulaient, ils ne passaient pas. Et puis quand il fallait parler, il parlait. Il était très impressionnant. 

Mais bon, j'arrive au sporting en numéro dix pendant une saison et ensuite Sikely, qui était attaquant voulait jouer à gauche. Marcel Duval m'a demandé, j'ai accepté et le premier match à Toulouse, on fait deux à deux et je mets les deux. Et c'est comme cela que je deviens avant-centre.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE A TOULON ?

Moi, c'est plus un souvenir bizarre. À l'époque, on était premier. On avait même battu Monaco à Monaco trois à zéro. En quatre minutes, on leur met trois buts. Monaco la grosse équipe avec Onnis, Courbis, Dalger et Chauveau dans les buts. On a quatre ou cinq points d'avance sur le deuxième : Monaco, on est champion d'automne. Mais le problème, c'est que l'on n'avait pas l'effectif. On était treize/quatorze joueurs et après, c'était juste et si tu avais un ou deux blessés, on était mort. Faut pas croire, la deuxième division, c'est aussi dur que la première. On a fait des matchs nuls chez nous, à l'extérieur, on ne gagnait plus. On a eu un coup de bambou. Et d'un coup Marseille nous propose Yazalde, un Argentin. Il ne jouait plus là-bas. Ils voulaient payer la moitié du salaire. Ça nous aurait fait du bien, à nous. Tu as un mec comme ça qui vient. Le maire n'a pas voulu avancer la subvention, il n'est pas venu et on n'est pas monté. Il n'y en avait qu'un qui montait. Le dernier match de la saison, on va au Red Star et Cannes reçoit Gueugnon. Pour moi, Cannes a mis les meilleurs joueurs de côté et Gueugnon est allé gagner à Cannes. Là, on a été déçu de ne pas monter, on pensait le faire. Rater la montée de cette façon, ça a été une grosse déception. 

Et puis, je me souviens de Bon Rencontre aussi. C'étaient encore les tribunes en bois. Quand on rentrait sur le terrain, les gens tapaient des pieds sur les planches, ça faisait un vacarme, un bruit. Quand on recevait les grosses équipes, y en avait de partout. Sur les toits des tribunes, sur les pylônes d'éclairage.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

À Bon Rencontre contre le Red Star. Mon premier match avec le sporting. On gagne trois à zéro. Et je manque un pénalty. Ça faisait trois semaines que j'étais arrivé et le premier match, c'est toujours important. Ça file des frissons. Je voulais prouver quelque chose à Toulon aussi. Et puis le match d'après, on va à Arles. Et depuis que je jouais, je n'avais jamais gagné mon premier match de la saison à l'extérieur. On va là-bas et on gagne deux à un et je mets un but. À la fin, j'ai remercié les copains et ils m'ont répondu : " t'inquiète pas, chez nous, tu vas en gagner".


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RESUMER TON AVENTURE A TOULON :

Je retiendrais l'équipe, l'ambiance et le public. Le groupe.  Y avait des jeunes, des "vieux" et tout le monde vivait bien ensemble. Et Alain Lardeyret menait tout ça, tout ce monde : avec ses paroles, son calme, il avait toujours un mot. Humainement, j'ai passé un moment à Toulon extraordinaire. Que des bons souvenirs. Trois belles années. Il nous manquait que la montée. Si j'étais monté avec ces gens-là, cette équipe-là, c'est comme si j'avais gagné la champion's ligue.


QUE DEVIENS-TU ?

Je vis ma retraite à La Crau que je n'ai plus quitté. C'est encore un village, sans problème, sans soucis. Je suis bien. Je regarde toujours d'un oeil les résultats du sporting. C'est quand pas normal d'être là où on est, pour une ville comme Toulon. On se doit d'être au moins en ligue 2. Quand tu y vois des petites villes comme Guingamp, je n'ai rien contre eux, mais bon, on n'est pas à notre place.


ALAIN ET LE SPORTING :

Attaquant.

1976/1977 : 33 matchs. 9 buts.

1977/1978 : 27 matchs. 2 buts.

1978/1979 : 28 matchs. 4 buts.