INTERVIEW CYRIL MAKANAKY


"C'était des combats où la fierté prévalait."


Fait rare pour être souligné et remarqué : ce Lion Indomptable aura fait une coupe du monde en Italie en 1990 en étant joueur du sporting. Il sera éliminé en quart de finale par l'Angleterre en prolongations en jouant tous les matchs de son équipe. Deux ans, auparavant, il remportera même avec le Cameroun la coupe d'Afrique des Nations.

Il aura "signé" pour trois saisons pour le sporting, mais n'en jouera que deux. Elles seront entrecoupées d'un prêt à Lens. Joueur de qualité, très fort en un contre un et balle au pied. Il était doté d'une accélération hors du commun. Garçon réputé pour sa gentillesse, aujourd'hui, c'est avec Cyril Makanaky que le musée vous propose de passer un moment.


CYRIL, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Je suis arrivé au sporting à travers mes performances à Ajaccio. J'étais sollicité par plusieurs clubs. Mon choix s'était porté plus vers Saint-Étienne et comme à l'époque j'étais considéré comme joueur étranger, il fallait que Saint-Étienne se débarrasse d'un Danois, il me semble. De peur que je me retrouve à ne pas jouer, c'est là que Toulon à travers Rolland est venu me convaincre qu'il me donnait la place "d'étranger". J'ai fait le choix sportif pour avoir du temps de jeu de venir au sporting.


QUEL JOUEUR DU SPORTING T'A LE PLUS MARQUÉ ?

À Toulon, je dirais Roger Mendy : la force tranquille. François Zahoui, Luigi Alfano. Y'avait aussi Pardo et Ginola. En fait, quand il sortait du centre de formation, il avait déjà des qualités pour ce niveau-là. Qualités techniques avec un physique imposant. Un garçon comme Casoni qui était très sobre et très efficace. 

De toute façon à la vue des moyens qu'il y avait à l'époque, on a fini la première année aux portes de l'Europe. C'était un petit groupe très efficace. 

J'étais plutôt en admiration de notre équipe par rapport aux moyens que l'on avait en comparaison des autres et de ce que l'on pouvait dégager de ce groupe. On était tout petit, mais on causait pas mal de problèmes, y compris aux gros comme Marseille, le PSG ou le Matra Racing.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

J'étais plutôt jeune quand j'arrive à Toulon. J'étais dans l'optique de laisser une bonne image à tous les niveaux.

Mais ce qui m'a marqué et que je n'étais pas d'accord, c'est qu'à l'époque quand on était sélectionné en équipe nationale, il fallait que le club vous libère. Et malgré la clause qu'il y avait sur mon contrat pour cela, j'avais du mal à ce que le club accepte que je parte en sélection. 

Et je n'ai pas beaucoup joué avec Toulon, car quand je partais, il y avait une "punition" qui n'était pas dite et quand je revenais, on me montrait que je ne devais pas partir.

J'ai toujours pensé et je le pense encore aujourd'hui que l'on ne devait pas refuser une sélection en équipe nationale.

Faut comprendre aussi et il ne faut pas voir cela avec les yeux d'aujourd'hui, que l'on jouait avec treize joueurs et nous n'avions pas un effectif et un banc pléthore. Avec les matchs à répétition, les blessés, les suspendus, etc. On peut comprendre le club. En plus à ce moment-là entre les éliminatoires de la CAN, de la coupe du monde cela faisait beaucoup de matchs.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Non, à part le derby contre Marseille. On sentait cette rivalité entre Marseille et le sporting qu'ils considéraient comme le petit qui allait se faire manger par le gros O.M et toute son armada. C'était des combats où la fierté prévalait. Et puis quand on jouait contre les gros, soi-disant, où Rolland nous disait : " ils ne vont pas venir ici nous prendre ce que l'on a, comme ça. Il faut qu'on leurs montres que ça va pas être facile". Les onze qui rentraient comprenaient que c'était pas le match qu'il fallait rater.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RESUMER TON AVENTURE À TOULON ?

Mon passé ne m'intéresse pas, ne m'intéresse moins. Je ne suis pas nostalgique. Je sais que j'avais un métier que j'ai essayé de faire de la meilleure façon possible. 

On n'a peut-être pas su utiliser le joueur que j'étais, car il me fallait beaucoup de confiance, que l'on me fasse confiance. Je n'ai pas joué comme j'ai joué dans mon équipe, là où l'on est venu me chercher. Je n'étais pas un avant-centre, je jouais plutôt derrière l'attaquant de pointe. Ce n'est pas à ce poste que j'ai joué à Toulon, il fallait s'adapter. Même s'il y avait une amertume à cela de ma part.

Mais je me dois aussi de parler de Mayol et de Bon Rencontre. Même si je pense que le rugby était le sport numéro un, on est arrivé avec le foot à gagner des supporters et à chaque fois, c'était chaleureux comme les hommes du sud. C'est un public du sud.


QUE DEVIENS-TU ?

Je suis promoteur immobilier dans le bassin bordelais. J'étais aussi dans la restauration mais comme je ne pouvais pas être partout, j'ai arrêté.


CYRIL ET LE SPORTING :

Attaquant - milieu

1987/1988 : 21 matchs. 3 buts.

1989/1990 :  3 matchs.