INTERVIEW SYLVAIN FLAUTO


"Si on joue tous les quinze jours dans un stade comme ça."

De l'aveu même de ses coéquipiers, il aura aidé le sporting à franchir un cap. Il aura apporté son expérience et son talent au service du groupe. Il aura grandement contribué par la justesse de son jeu et ses buts décisifs  à réussir l'unique but du club, à savoir : la montée en national.

Homme discret dans la vie, mais ô combien efficace sur le terrain, il deviendra autant Toulonnais que les Toulonnais.

Deux saisons sur la rade qui correspondront aux dernières belles heures du foot azur et or. Aujourd'hui c'est avec Sylvain Flauto que le musée vous propose de passer un moment.


 SYLVAIN, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Je sortais d'une année difficile à l'étranger, en Grèce. Je m'étais blessé et c'était long à soigner. J'avais deux ans de contrat et je n'étais pas en état physique de prolonger ni même d'honorer ma deuxième année. De plus, c'était très compliqué là-bas de se soigner et j'ai fait le choix de rentrer en France pour cela. Ça a mis un peu de temps, car quand tu te soignes tout seul, vois les médecins tout seul, ce n'est pas évident. Je me suis retrouvé du coup en fin d'année à reprendre l'entraînement dans des clubs pas loin de chez moi comme à Montélimar ou Béziers, car c'est un pote qui entraînait là-bas.

Et puis j'avais eu David (Andréani) au téléphone qui m'a dit : "tu sais, je parle un peu de toi à Toulon". J'étais parti avec Jean-Michel Cavalli en Grèce et il était pote avec André Di Scala et ça c'est fait un peu comme ça. Il m'a contacté plusieurs fois en me disant de venir. Ça me faisait un grand saut au départ de passer de la ligue 1 grecque au cfa. Et puis il me disait : "viens voir un match, viens voir un match". À force de me "tanner", j'ai fini par venir voir un match. Je ne connaissais pas Bon Rencontre et je ne connaissais pas le contexte toulonnais. Et là, j'ai découvert l'ambiance. Je ne te cache pas que le fait de redescendre de niveau de compet. me retenais. Mais je me suis dit, si on joue tous les quinze jours dans un stade comme ça, c'est "bandant". Ça m'a convaincu et j'ai franchi le pas et je suis arrivé au mois de novembre, je crois.


QUEL JOUEUR T'A LE PLUS MARQUÉ ?

C'est une question compliquée. Ils m'ont tous marqué un petit peu à leurs façons. Y avait quand même des garçons qui ont fait derrière des carrières : comme Jérome Le Moigne qui était jeune mais, qui avait plein de potentiel. Martin Fall aussi. Si je devais en sortir un qui avait vraiment une mentalité de gagneur et un attaquant de grands talents, c'est Mezut Bilici.

Mais après, il y avait plein de garçons. Les vrais Toulonnais : Zem, Seb Soulas et les autres. C'était à leur façon l'identité toulonnaise. C'est compliqué d'en ressortir un. Y avait tellement de joueurs de qualité, pour le niveau où l'on était. T'avais que des mecs qui avaient pratiquement touché tous, le niveau du dessus avant Toulon. Ou des jeunes en devenir. Et cette mayonnaise-là a tout explosé. Avec Jean-Louis Garcia sur le banc. Il était bon dans son management même s'il était particulier, car hyper exigeant. C'était le détail. Il avait une équipe avec un niveau d'exigence bien au-delà du cfa. Cette année-là, tu aurais pu jouer quelques matchs de ligue 2, tu ne les aurais pas perdus, tu les aurais même gagnés. On se sentait tous investis par le projet et dans le projet. On se sentait tous Toulonnais dans la mentalité et dans un contexte où tu avais envie de "bouffer" tout le monde.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Quand tu joues à Toulon, tu en as des anecdotes (rire). Ce qui m'avait choqué, ou plutôt marqué, c'est la première fois où je suis rentré dans le vestiaire. Il y avait des joueurs que je ne connaissais pas. J'ai eu l'impression de rentrer dans un vestiaire de basket. Y avait des Franck Zingaro, Franck Luccini, Amar Boumilat, Tony Labate, Jérome Le Moigne. Des mecs qui faisaient tous un mètre quatre-vingt-dix pour la moitié du groupe. Je me suis dit, c'est quoi cette équipe ?  c'est que des golgoths. Sur l'aspect athlétique, c'était tous des monstres. C'était imposant et impressionnant.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Y en a un au niveau de l'ambiance qui était énorme, c'était contre la réserve de l'om. Quand on gagne quatre à un. Avec une ambiance de folie, le stade quasi plein. Ils ont rentré tout ce qu'ils pouvaient rentrer dans le stade. Une ambiance de très haut niveau, en fait. Les chants, les tifos. J'ai joué en ligue 2 longtemps, tu ne voyais pas ces ambiances-là dans la majorité des matchs. C'était assez phénoménal, exceptionnel.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE ?

Sportivement, je me suis "éclaté", parce que je m'y suis retrouvé, reconnu. Les valeurs faisaient que j'étais dans mon élément : la grinta, la mentalité de la gagne. Un contexte et un encadrement compétent. On était dans les meilleures conditions pour jouer au football. Entre la cohésion collective, cette mentalité-là, l'ambiance au stade et la qualité du groupe, je me suis régalé. Moi, je préparais mes matchs comme quand j'étais pro. C'était une continuité dans ma carrière professionnelle. Je n'ai jamais senti à Toulon, sauf quand tu allais jouer dans des clubs un peu champêtres, évoluer dans un club amateur. Après Saint-Étienne, après Gueugnon, je me suis retrouvé dans un club qui avait la même valeur qu'est le travail. Moi qui suis issu d'un milieu modeste avec des parents ouvriers, j'avais besoin de ces valeurs-là pour me retrouver. Et humainement, c'était pareil. Des vraies valeurs. Tu ne peux pas gagner si humainement, tu n'as pas ce qu'il faut dans ton groupe. C'est impossible. La réussite sportive est liée à la réussite humaine. C'est pour tout cela que je me suis "éclaté à Toulon.


QUE DEVIENS-TU ?

J'ai toujours un pied dans le foot, car c'est un peu notre drogue. Je suis coordinateur sportif, responsable technique de Rhône Vallées, en R1. Un club qui est entre Valence et Montélimar et qui a fait quelques saisons en cfa2 il y a une quinzaine d'années. J'y suis depuis onze ans.

Je tenais à trouver aussi une reconversion hors foot, avec la volonté de m'insérer dans un vrai boulot. Et le président de ce club m'a proposé un emploi et je suis responsable des appros. et des achats dans une boite de la pétrochimie. Dans la catalyse pétrolière, un truc assez spécifique. J'achète des matières premières, des emballages pour le service production. La rigueur et l'exigence que j'ai acquise dans le sportif, je l'applique aujourd'hui dans ce travail depuis dix ans. Je pense avoir réussi ma reconversion.


SYLVAIN ET LE SPORTING :

Attaquant.

2003/2004 : 21 matchs. 2 buts.

2004/2005 : 27 matchs. 6 buts.