INTERVIEW PHILIPPE FARGEON


"On avait eu une alerte à la bombe pendant la nuit."

Cet international français était attendu sur la plus belle rade d'Europe par l'ensemble des joueurs de la rascasse. Réputé buteur de surface, il arriva au sporting grâce à Rolland Courbis qui alla le chercher en Suisse. Il ne sera resté qu'une saison à Toulon, puis retourna à Genève.

Il n'aura laissé que de bons souvenirs aux supporters azur et or, mais aussi à ses anciens coéquipiers qui trouveront en lui, un homme d'une immense gentillesse, qui se fondera dans le moule varois. Aujourd'hui, c'est avec Philippe Fargeon que le musée vous propose de passer un moment.


PHILIPPE, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

C'est très simple. J'étais parti de Bordeaux pour le Servette de Genève et l'entraîneur ne me voulait pas. J'ai bien compris que mon avenir n'était pas là-bas. Je me suis dit qu'il fallait partir et là Rolland Courbis qui était l'entraîneur de Toulon l'a su. Il m'a dit de venir en prêt pendant un an minimum. C'était un beau challenge pour moi que de revenir dans le championnat français avec Toulon, on n'était pas très bien placé et connaissant les joueurs, je savais qu'il y avait une bonne équipe et je me suis dit, que si aux matchs retour ça va mieux, on peut réussir quelque chose de sympa.

J'étais en prêt et le Servette de Genève avait changé d'entraîneur. Un entraîneur que j'avais eu avant. Ils ont voulu me récupérer et je n'ai pas pu rester. Je ne suis pas sûr qu'il y ait eu beaucoup de discussions avec Toulon, car ils voulaient vraiment que je revienne.


QUEL JOUEUR T'A LE PLUS MARQUÉ ?

C'est difficile à dire parce qu'on avait une équipe très sympa quand même. Une équipe complètement homogène. On n'avait pas de stars, mais on avait une équipe qui était agréable à jouer.

Des défenseurs "locaux", qui étaient des joueurs de grands talents avec une réputation sur les terrains qui était bonne pour nous.

Des joueurs comme François Zahoui qui dribblait tout ce qu'il voulait sur une superficie d'un mètre carré.

On avait nos "Hollandais" qui étaient là pour réguler tout. On avait vraiment une équipe très homogène et c'est très difficile d'en sortir un qui m'a marqué.

Avec Rolland, en changeant la composition de l'équipe, on avait l'impression que l'on pouvait battre n'importe qui, n'importe quand.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Je ne connaissais pas forcément cette région de la France. Je me suis retrouvé à prendre un appartement entre Six-Fours et Sanary dans une résidence qui était neuve, donc on était seul avec mon épouse. 

En venant de Bordeaux et de Genève, à Toulon, il y avait aussi un cadre de vie très sympa.

Mais ce que je retiens, c'est surtout l'ambiance au sein de l'équipe. Je ne me rappelle pas une fois, d'une dispute entre des joueurs. Ce qui est assez rare, surtout à Toulon où il y avait des joueurs de caractère. Que ça soit des Bérenguier, des Alfano, des Pardo, on avait des gars de caractère. Ça c'est toujours très bien passé.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Mon premier match où je marque. Contre Metz, là-bas, où je fais un doublé. C'est le premier match où je rentre et puis on attend que je marque des buts. Je suis arrivé blessé. Je m'étais bloqué le dos et quatre jours après, je marque, c'était sympa.

Le match où l'on perd à la maison contre Auxerre. Si on gagne on est européen.

Et puis bien sûr, la double confrontation en coupe contre Marseille. J'en ai un souvenir énorme. Souvenir énorme, parce qu'ambiance exceptionnelle. Au match aller, Rolland fait un système de jeu avec Alfano avant-centre et on fait un bon résultat là-bas. On est quasiment qualifié. Et puis on se fait éliminer aux prolongations avec une ambiance de folie

Je me rappelle, on était allé à l'hôtel la veille à Sanary et on avait eu une alerte à la bombe pendant la nuit. Cette ambiance, cet environnement, ce stade Mayol plein. Malheureusement, on ne se qualifie pas. Surtout contre Marseille.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE ?

Un goût d'inachevé, peut-être. Parce que j'étais bien, je me sentais bien. On a eu quelques bons résultats, je marquais quelques buts. La fin de saison a été un peu particulière. Ma femme attendait un bébé, mon garçon et elle a eu un problème de santé. Elle est rentrée en Suisse et Rolland m'a dit de repartir avec elle. Cette période a été compliquée où j'étais un peu moins au foot. Oui, c'est vraiment un petit goût d'inachevé, mais c'est comme ça.

Mais ça reste une expérience positive. Je suis toujours les résultats de Toulon. J'ai porté quelques maillots et le sporting fait partie de ceux que je garde avec plaisir. J'essaye de suivre de loin Toulon.


QUE DEVIENS-TU ?

J'habite dans la région bordelaise et je suis agent immobilier, j'ai mon agence immobilière, depuis assez longtemps, sur Le Bouscat qui se trouve en périphérie de Bordeaux. Et je suis élu à la municipalité depuis deux mille un. Il y a vingt six mille habitants. J'ai été adjoint aux sports et maintenant, je suis en charge de l'espace public. J'en suis à mon quatrième mandat. Ce sera sûrement le dernier.

J'ai pris un peu de recul avec le foot, surtout avec ce qui s'est passé sur Bordeaux, mais je donne encore quelques interviews sur la radio locale.


PHILIPPE ET LE SPORTING :

Attaquant.

1988/1989 : 16 matchs. 4 buts.