INTERVIEW RABAH IDDIR


"T'avais des monstres derrière."

Milieu de terrain arrivé de Biver après le début de saison. Ses anciens coéquipiers disent de lui que c'était un phénomène avec un pied gauche de folie et qu'il faisait ce qu'il voulait avec le ballon. C'est dire si ce joueur a marqué tant ses partenaires que les spectateurs de Bon Rencontre. Homme de caractère, il aura aussi laissé l'emprunte d'un vrai gentil auprès de ceux qui l'auront côtoyé sur le terrain, mais aussi hors du stade. Il se sera vite acclimaté à la fameuse mentalité toulonnaise et parle aujourd'hui encore du sporting avec le coeur.

Aujourd'hui, c'est avec Rabah Iddir que le musée vous propose de passer un moment.


RABAH, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

Au départ, je ne devais pas arriver au sporting, je devais aller à Nantes.

Mais ça ne m'intéressait pas. Je suis un gars du sud.

Alors, Yvan Couderc, à l'époque, il avait le bar "l'Amirauté", qui était l'ancien directeur sportif du sporting. Il me suivait depuis un moment et il est venu me recruter à Biver, à côté de Gardanne.

Je suis arrivé à Toulon en septembre alors que les autres étaient là depuis juin.

J'ai fait deux matchs avec la réserve qui était à l'époque en PHA, contre St Raphaël et Ste Maxime. Et le week-end d'après, j'étais titulaire en pro contre Nevers en deuxième division et on avait gagné deux à zéro. Et je fais même marquer un but.


QUEL JOUEUR T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Jeannot Tigana. En jeune, on a souvent joué l'un contre l'autre. Jeannot, il ne lâchait rien. Quand il avait quelque chose dans la tête. Il était "testard". Techniquement, il était très fort et puis il avait beaucoup de résistance. Il pouvait courir cent ans. Il était increvable, il pouvait galoper pendant cent ans.

Patrick Storaï aussi, très fort techniquement aussi, lui.

Quand j'ai démarré, il y avait Michel Legros, Jean-Louis Bérenguier, Bernard Simondi, Eric Vicent, Alain Lardeyret aussi. C'était impressionnant derrière. C'était pire qu'un roc. C'était costaud. T'avais des monstres derrière. Et Marc Duval dans les buts.


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

J'ai habité à Bon Rencontre. Après avec Jeannot Tigana, on a pris un appartement à St Roch et ensuite à Valbertrand. 

Moi, ce qui m'a beaucoup marqué à Toulon, c'était le public. Comme je dis maintenant et on me prend pour un fou : il y avait plus de monde au foot qu'au rugby à Toulon. Et pourtant, il y avait des noms au rugby. Il y avait mon ancien dentiste : Jérôme Gallion. Le sporting, il passait avant le rugby. Même si les gens te croient à demi-mots quand tu leur dis ça.

À Bon Rencontre, c'était toujours plein et chaud bouillant. Quand les mecs arrivaient, ils se posaient toujours des questions. Le public était presque sur le stade, sur le terrain.


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Le match contre Monaco où l'on joue la montée. On avait gagné là-bas trois à zéro. On était à zéro-zéro et on en met trois dans les dix dernières minutes. À Bon Rencontre, c'était Christian qui marque ou Onnis, je ne me rappelle plus. Et j'égalise sur une superbe reprise de volée en pleine lucarne et on fait un à un et au final, c'est eux qui montent. Un nul leur suffisait.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE ?

Ça a été une très très bonne aventure, avec une très bonne ambiance. D'ailleurs, je vais te dire quand tu fais la journée des Légendes en juin, ça fait plaisir de voir des mecs que ça fait quarante ans que l'on n'a pas vu. On se retrouve de suite et pourtant ça fait quarante ans que l'on ne s'est pas vus.


QUE DEVIENS-TU ?

Je suis retraité depuis le premier avril.

Je vais pouvoir m'occuper de mes petits-enfants.

Et ils veulent que je retourne un peu au club pour leur filer un coup de main, c'est Biver-Gardanne maintenant, ils ont fusionné.


RABAH ET LE SPORTING :

Milieu.

1975/1976 :  9 matchs.  2 buts.

1976/1977 : 17 matchs.  7 buts.

1977/1978 : 32 matchs. 13 buts.

1978/1979 : 34 matchs.  9 buts.