INTERVIEW ROLAND MEUNIER



"Ça y est, tu as réalisé ton rêve, tu pars t'entraîner avec les pros". 


Ce natif de La Seyne-sur-Mer aura largement contribué à porter le sporting en première division pour la deuxième fois de son histoire à l'issue de la saison 1963/1964 et de ce fameux barrage contre le Racing.

Défenseur intraitable, il aura avec les Borowski, Laffont, Vicot et les autres permis au club de la rade de se faire une belle réputation de défense solide et rugueuse.

Aujourd'hui, c'est avec Roland Meunier que le musée vous propose de passer un moment.

ROLAND, POURQUOI AVOIR CHOISI LE SPORTING ?

C'est marrant, j'avais 14 ans et je faisais partie d'une colonie de vacances dans la Loire à Apinac et on a joué un match contre les curés et ce jour-là, j'ai marqué sept buts. Y'avait un gars du sporting, qui travaillait à l'arsenal avec mon père, qui était là et qui a dit à mon père : "mais c'est ton fils ? Amène-le à Bon Rencontre". C'était Pierre Fava. Et c'est là que j'ai débuté au sporting en minime deuxième année. En junior deuxième année, je suis passé stagiaire professionnel avec Hervé Mirouze et j'ai commencé à jouer au mois de novembre à un poste qui n'était pas le mien : arrière central. On a battu Boulogne deux à zéro et j'ai marqué le Douglas, un colosse et je lui ai pris tous les ballons de la tête et ça a commencé comme ça. L'année d'après je suis allé au bataillon de Joinville, et quand je suis revenu, c'est moi qui ai demandé à partir, car j'étais un peu "le parent pauvre" de l'équipe dans la mesure où je n'étais pas payé comme les autres parce que j'étais un enfant du club. Et c'est moi qui me suis trouvé Lorient.

Et au bout d'un an, je suis revenu à Toulon sous la houlette de M. Luciano.


QUEL JOUEUR T'A LE PLUS MARQUÉ ?

Danny Meggiolaro avec qui j'ai joué depuis les minimes et François Simian. Je me souviens d'une année contre Rennes, c'était Cardier, un international, qui devait le "charger". On avait mis un truc au point, je lui donnais le ballon, je me mettais derrière lui et me le talonnais et je lui piquais par-dessus. C'est le joueur, François au point de vue vitesse, dribble et tout. C'était le meilleur. 


UN SOUVENIR, UNE ANECDOTE SUR TON PASSAGE À TOULON ?

Il y a surtout l'année où l'on est monté en première division. On n'y croyait pas. Et puis finalement, on a terminé quatrième, on a fait les barrages et on a battu tout le monde et on a accédé en première division à la place du Racing et de l'Olympique de Marseille. C'était ma première année en professionnel, tu te rends compte ??

Le premier entraînement que je fais comme stagiaire professionnel, on va gagner à Besançon et avec la prime de match, je me suis acheté un Solex. Le matin, quand je suis sorti de mon garage, je me suis dit : "ça y est, tu as réalisé ton rêve, tu pars t'entraîner avec les pros". Une chose marrante aussi. Un jour, j'étais cadet première année, je jouais en cadet contre Rocheville à Jaureguiberry. Je fais un bon match et un dirigeant de Rocheville vient et me dit : 'M. Meunier, votre papa doit être content, il a deux fils qui jouent bien au foot. J'en ai vu un l'an passé en minime qui était très bon et vous en junior qui êtes bon aussi". Je lui réponds : celui de l'année dernière, c'était moi"..


UN MATCH EN PARTICULIER ?

Quand je jouais pour Besançon. J'étais capitaine. J'embrasse Bernard Roubaud, car il était capitaine du Sporting. On les bat un à zéro. Je chargeais Llorens. On marque sur une montée offensive et les gens de Besançon scandaient mon nom. C'était la seule et première fois. Je le voulais ce match, car j'estimais que Luciano n'avait pas été honnête avec moi. En revenant de Lorient, ils m'ont demandé d'aller travailler pour ne pas me payer, alors qu'il y avait des gars qui touchaient des salaires conséquents. Je m'entraînais deux fois par semaine avec les amateurs et le jeudi après-midi, j'allais m'entraîner avec les pros. Et j'ai quand même fait 18 matchs en pro.


EN QUELQUES MOTS, SI TU DEVAIS RÉSUMER TON AVENTURE TOULONNAISE ?

Une aventure magnifique, extraordinaire. Tu te rends compte : tu es jeune, tu vis de ta passion pour le club de ta ville. Je suis allé voir Hervé Mirouze : "Je joue en première division, je suis titulaire et je gagne 400 francs par mois". Il m'a dit : "Allez, viens, on va voir Leterreux". Le lendemain, il me mettait à 1200.

Les copains aussi. Il y avait Robert Blanc et Meggiolaro qui jouaient en junior. Gérard Fabre, François Simian, Jeannot Laffont, Francis Blanc. On était sept ou huit Toulonnais. C'était familial, on était tous collègues, on se connaissait tous. Et quand on est monté en première division, tu débutes et tu te dis : "l'année prochaine, je vais me taper tous les meilleurs ailiers gauches de France." Ils m'ont fait souffrir pendant les matchs aller, après : non.


UN PETIT MOT POUR FINIR :

On m'a amputé du pied, mais j'ai repris toutes mes activités : le jardin, la natation, la pêche en bateau, etc.

Et je suis tout le temps les résultats du sporting. Le samedi soir, je vais sur internet pour voir les résultats.


ROLAND ET LE SPORTING :

Défenseur.

1962 / 1963 :  1 match.

1963 / 1964 : 17 matchs. 1 but.

1964 / 1965 : 20 matchs.

1965 / 1966 : 21 matchs. 1 but.

1966 / 1967 : 17 matchs.

1968 / 1969 :  8 matchs.